Violences faites aux femmes: à Madagascar, une association veut sortir de très jeunes filles de la prostitution

À Madagascar, la prostitution enfantine s’est largement développée au cours des vingt dernières années. La pauvreté et le faible accès des enfants à l’éducation expliquent en partie l’ampleur de ce phénomène, connu, voire encouragé, par les parents eux-mêmes. Pour répondre aux souffrances des enfants et des filles victimes ou survivantes de ces violences, plusieurs associations de protection œuvrent au quotidien, dans l’ombre. Illustration avec Ecpat France Madagascar qui accompagne chaque année 200 jeunes filles pour les aider à sortir de la prostitution et à reprendre confiance en elles.

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Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud

La porte du bureau de Mbola Razafindriantsoa, éducatrice et formatrice chez Ecpat France Madagascar est toujours ouverte pour ses petites protégées. Ce jour-là, c’est Faniry, 17 ans, qui la pousse. La jeune femme est suivie depuis 2 ans par Mbola. C’est grâce à cette dernière qu’elle a stoppé la prostitution, dans laquelle elle était tombée à 12 ans, pour venir en aide à sa famille, trop nombreuse, dit-elle.

« J’ai dû arrêter l’école en CE2 parce que mes parents étaient trop pauvres pour payer les frais de leurs huit enfants, explique-t-elle. Je me suis portée volontaire pour les aider financièrement. Mais personne ne voulait me donner du travail, parce que ça se voyait que j’étais une enfant. J’avais une amie qui se prostituait déjà, c’est elle qui m’a dit que si je voulais rapidement gagner de l’argent, c’était une solution. C’était terrible : les personnes âgées, les gros… J’étais épuisée, j’avais mal. On a souvent profité de moi et on ne m’a pas toujours payée. C’était vraiment très dur… »

Une jeune sur deux se prostitue pour survivre, selon Ecpat

À Ecpat, les jeunes filles bénéficient d’une prise en charge psychologique et financière, accompagnée de formations professionnelles pour essayer de sortir du cercle de la prostitution. Faniry, elle, tient depuis un an un petit commerce ambulant de goûters.

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« Notre priorité, c’est de leur redonner confiance en elles, qu’elles retrouvent de l’estime de soi, explique Mbola Razafindriantsoa. Après une évaluation psychologique, quand on voit qu’elles sont prêtes à avancer, on leur propose une formation professionnelle : couture, coiffure, crochet, mécanique automobile ou petit élevage. Et après, on leur offre une éducation financière et on établit ensemble un business plan pour que leur projet réussisse, poursuit-elle. On leur donne des appuis financiers comme un fonds de roulement pour qu’elles puissent se lancer et gagner leur propre argent sans retourner à la prostitution, au premier problème financier survenu. C’est souvent leur réflexe. Et ça, pour nous, c’est notre plus gros défi ».

Dans la capitale, elles sont des milliers de jeunes filles à être contraintes à l’exploitation sexuelle. D’après un rapport d’Ecpat, plus d’une jeune sur deux se prostitue pour survivre.

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