
Khaled Mohamed Ali El Hishri, ancien haut responsable de la tristement célèbre prison de Mitiga en Libye, a été interpellé le 16 juillet à la demande de la Cour pénale internationale. Il est soupçonné de meurtres, tortures et violences sexuelles commis entre 2015 et 2020. Cette arrestation marque une avancée significative dans la poursuite des crimes commis durant le chaos libyen.
L’étau de la justice internationale se resserre sur les responsables présumés d’exactions en Libye. Khaled Mohamed Ali El Hishri, ressortissant libyen, a été arrêté par les autorités de la République fédérale d’Allemagne en vertu d’un mandat d’arrêt délivré sous scellés par la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) le 10 juillet 2025. Cette arrestation est survenue le 16 juillet dernier.
Des accusations d’une extrême gravité
Les charges qui pèsent contre El Hishri sont particulièrement lourdes. M. Khaled Mohamed Ali El Hishri aurait été l’un des plus hauts responsables de la prison de Mitiga, où des milliers de personnes ont été détenues pendant de longues périodes. Cette prison, située près de Tripoli, est devenue au fil des années un symbole des violations systématiques des droits humains en Libye.
Il est soupçonné d’avoir commis directement, ordonné ou supervisé des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, notamment des meurtres, des actes de torture, des viols et des violences sexuelles, qui auraient été commis en Libye de février 2015 à début 2020. Cette période de cinq ans correspond à une phase particulièrement chaotique du conflit libyen, marquée par l’effondrement des institutions étatiques et la multiplication des milices armées.
Une coopération internationale efficace
L’arrestation d’El Hishri témoigne de l’efficacité croissante de la coopération entre la CPI et les États membres. Le suspect, arrêté à la demande de la CPI, restera sous la garde des autorités allemandes en attendant l’achèvement de la procédure nationale prévue à l’article 59 du Statut de Rome.
Le Greffier de la CPI, Osvaldo Zavala Giler, s’est félicité de cette collaboration : « La CPI continue de privilégier une coordination interne renforcée et une coopération externe plus étroite pour mettre en œuvre les décisions judiciaires et les mandats d’arrêt, qui sont des étapes essentielles pour faire avancer les procédures et permettre aux victimes d’obtenir justice ».
Cette arrestation s’inscrit dans un cadre juridique établi depuis plus d’une décennie. La situation en Libye a été déférée au Procureur de la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies dans sa résolution 1970 du 26 février 2011. Un développement récent important est survenu en mai dernier : Le 12 mai 2025, la Libye a accepté la compétence de la Cour sur son territoire de 2011 à fin 2027.
D’autres suspects toujours recherchés
L’arrestation d’El Hishri ne doit pas faire oublier que de nombreux autres suspects restent en liberté. Huit autres mandats d’arrêt publics de la CPI sont toujours en instance dans le cadre de cette situation contre MM. Osama Elmasry Njeem, Abdurahem Khalefa Abdurahem Elshgagi, M. Makhlouf Makhlouf Arhoumah Doumah, M. Nasser Muhammad Muftah Daou, M. Mohamed Mohamed Al Salheen Salmi, M. Abdelbari Ayyad Ramadan Al Shaqaqi, M. Fathi Faraj Mohamed Salim Al Zinkal et M. Saif Al-Islam Gaddafi.
Saif Al-Islam Kadhafi est le fils de l’ancien dirigeant libyen. Recherché depuis des années par la justice internationale, il est à l’origine des accusations contre Nicolas Sarkozy de financement occulte de sa campagne de 2007.
L’arrestation d’El Hishri envoie un message fort : même des années après les faits, les responsables présumés de crimes internationaux ne peuvent échapper indéfiniment à la justice. Elle démontre que la CPI, malgré les défis auxquels elle fait face, continue de jouer son rôle dans la lutte contre l’impunité pour les crimes les plus graves.