Tunisie: Huile d'olive – Réinventer l'offre nationale

La filière oléicole, malgré un niveau de production encourageant, se retrouve pourtant à la croisée des chemins et incapable de soutenir la concurrence d’un marché international sous haute pression. Notre produit phare n’arrive toujours pas à gagner en termes de valeur, faute de conditionnement, de stockage et de valorisation. Des défaillances qui risquent de lui être fatales, sauf si le Conseil national oléicole trouve le remède miracle.
L’écoulement de la nouvelle récolte de l’huile d’olive à l’étranger ne serait pas, cette fois-ci, de tout repos. C’est que notre produit phare connaît, depuis quelque temps, des contraintes sérieuses à l’export, surtout après l’affaire douteuse de l’un des principaux exportateurs.
Les dernières statistiques confirment d’ailleurs une perte en valeur assez conséquente au niveau des exportations de la récolte précédente. En effet, malgré l’importante du volume exporté (239.000 tonnes), les recettes ont accusé une chute significative de 31 %. Une contre-performance désolante qui remet en question, encore une fois, notre politique à l’export.
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Certes, le marché international de l’huile d’olive est, depuis quelque temps, sous pression et connaît des baisses significatives, mais on reconnaît que le nôtre n’arrive toujours pas à présenter une offre à l’export compétitive et concurrentielle.
Sur ce point, il suffit de rappeler qu’au moment où nos concurrents directs évitent l’écoulement en vrac, nos décideurs continuent à en faire une priorité. Selon les dernières statistiques, plus de 87 % des quantités exportées ont été effectuées sous ce « format », ce qui a pénalisé sérieusement nos recettes. Une moyenne trop élevée et qui risque, en cas de maintien, de compromettre l’avenir de ce secteur.
Transparence managériale
On reconnaît ainsi, et comme on l’a déjà soulevé, que notre secteur, faute d’anticipation et même d’ambition, est resté dépendant d’une logique d’autosuffisance grave, ce qui justifie une politique de conditionnement, de transformation et de stockage trop timide.
Ces défaillances imposent aujourd’hui le lancement, en urgence, de toute une stratégie nationale pour la valorisation de ce produit et la garantie d’un repositionnement à l’international de qualité.
De ce fait, l’on espère que le lancement du Conseil national oléicole, dont la composition a été publiée le 2 septembre dernier, arriverait à servir cette exigence.
Cette ambition est, tout à fait, légitime, car la mission de cette structure consiste, par définition, à « coordonner toutes les actions de développement de cette filière, de piloter les opérations de promotion, à améliorer le niveau de production et à élargir, par conséquent, la capacité de transformation, de stockage et de valorisation ».
Mieux, le Conseil, dont l’approche repose, en grande partie, sur une politique de consultation et de conseil élargie, devrait chercher à mieux outiller le secteur oléicole, notamment en termes technique, technologique, financier et organisationnel. Dans l’optique de l’inscrire dans une logique de performance durable au double plan qualitatif et quantitatif.
Il s’agit, en quelque sorte, de doter la filière d’une nouvelle vision prospective, rigoureuse et fondée sur une bonne politique de gouvernance. Une gouvernance qui doit absolument gagner en transparence et en organisation, notamment au niveau de la commercialisation.
On convient justement que cette question de commercialisation a porté préjudice à notre filière, monopolisée, depuis longtemps, par certains opérateurs privés privilégiés. Le Conseil se propose donc de « démanteler » cette domination et de créer une nouvelle approche commerciale, notamment à l’export, cohérente, équitable et concurrentielle.