Tunisie: Finances publiques – Le pays solde sa dette extérieure trois mois avant l'échéance

En remboursant l’intégralité de sa dette extérieure avant même la fin de l’année, la Tunisie signe une performance rare dans le paysage économique mondial. Sans soutien extérieur, portée par le travail, la rigueur et la confiance retrouvée, elle prouve qu’avec peu de moyens mais beaucoup de volonté, un pays peut redresser la tête et tracer sa propre voie vers la souveraineté.

La Tunisie a réalisé une performance inédite : au 30 septembre 2025, elle a remboursé 125 % de ses dettes extérieures prévues pour l’année, dépassant largement les objectifs inscrits dans la loi de finances, estimés à 8 469 millions de dinars (MD). Ce dépassement marque un tournant positif dans la gestion financière du pays. La Tunisie a ainsi réglé l’intégralité de ses dettes extérieures au titre de l’exercice 2025, trois mois avant la fin de l’année, signe d’une épargne consolidée et d’une réduction tangible du niveau d’endettement extérieur.

Une autonomie financière renforcée


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Ce résultat témoigne des effets concrets de la politique d’autonomie financière adoptée ces dernières années. Sans recourir aux bailleurs de fonds internationaux, l’économie tunisienne a réussi à couvrir ses besoins en financement extérieur grâce à la mobilisation de ses propres ressources. Les réserves en devises issues des recettes touristiques, des transferts des Tunisiens à l’étranger, ainsi que des exportations ont joué un rôle déterminant dans cette réussite.

Une dette publique mieux maîtrisée

Selon le budget de l’État pour 2025, la Tunisie devait initialement rembourser 18,2 milliards de dinars au titre du principal de la dette publique, dont 8,5 milliards de dinars pour la dette extérieure et 9,7 milliards de dinars pour la dette intérieure. Les intérêts de la dette publique s’élèvent, quant à eux, à environ 6,5 milliards de dinars, répartis entre 4,6 milliards pour la dette intérieure et 1,9 milliard pour la dette extérieure.

Les principales échéances réglées concernent notamment le Fonds monétaire international (1 126 MD), l’Afreximbank (815 MD) et l’Arabie saoudite (159 MD). Ces paiements ponctuels et anticipés traduisent une gestion budgétaire rigoureuse et une meilleure visibilité sur le moyen terme.

Des indicateurs en nette amélioration

Un rapport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) souligne une évolution positive de la structure de la dette tunisienne. La part de la dette extérieure dans la dette publique totale est passée de 70 % en 2019 à 50 % en 2025, confirmant la tendance à la diversification et à la réduction de la dépendance extérieure. Le même rapport prévoit que l’encours de la dette publique devrait atteindre 80,5 % du PIB à la fin de l’année, contre des niveaux supérieurs à 90 % il y a quelques années, traduisant des efforts soutenus pour rétablir les équilibres financiers publics.

Une trajectoire saluée par les institutions internationales

Les données de la Banque mondiale (BM), publiées dans son rapport sur les dettes internationales, confirment cette dynamique. Elles montrent que la Tunisie maîtrise désormais le service de sa dette extérieure et maintient une charge soutenable par rapport à ses ressources en devises et à ses exportations. Malgré la présence d’une part significative de dettes à court terme, les indicateurs de vulnérabilité financière restent contenus, soutenus par la stabilité des recettes extérieures.

Une souveraineté économique en construction

Au-delà des chiffres, cette performance traduit une recomposition silencieuse du modèle économique tunisien. En privilégiant les ressources locales et les recettes réelles de l’économie productive, le pays amorce un tournant vers une souveraineté financière assumée, fondée sur la valorisation de ses atouts naturels et humains.

La stabilité des transferts des Tunisiens à l’étranger, le rebond du tourisme post-crise et la réussite des exportations agricoles — notamment l’huile d’olive — confirment que la Tunisie peut générer de la richesse sans dépendre systématiquement de la dette.

Il faudra ajouter, cependant, que cette autonomie demeure fragile parce qu’elle repose sur des secteurs sensibles aux aléas climatiques, géopolitiques et conjoncturels. Ce qui appelle à renforcer la diversification et l’innovation économique. Il est donc crucial de valoriser de nouveaux secteurs porteurs, comme les technologies propres, l’agro-industrie à haute valeur ajoutée et les services à l’export.

Le renforcement de la recherche, de la formation et de l’entrepreneuriat local apparaît également indispensable pour transformer cette autonomie ponctuelle en un pilier durable de développement. Enfin, soutenir les petites et moyennes entreprises et faciliter leur accès aux marchés internationaux permettra de répartir les risques et de stabiliser davantage l’économie nationale face aux chocs extérieurs.

Vers une nouvelle crédibilité internationale

Sur la scène internationale, cette avance dans le remboursement de la dette confère à la Tunisie une crédibilité retrouvée progressivement. Dans un contexte où nombre d’économies émergentes peinent à honorer leurs engagements, ce geste d’anticipation renforce son image de partenaire fiable et discipliné.

Toutefois, l’enjeu n’est pas seulement symbolique, en améliorant sa signature financière, la Tunisie se donne la possibilité de négocier demain autrement, sur des bases plus équitables, que ce soit avec les institutions financières internationales ou les investisseurs privés. Autrement dit, le pays se réapproprie sa marge de manoeuvre, non pas pour s’isoler, mais pour redéfinir les termes de sa coopération financière dans un cadre de dignité et d’équilibre.

Une réussite à consolider

En parvenant à rembourser intégralement et par anticipation ses dettes extérieures, la Tunisie démontre sa capacité à regagner la confiance des marchés et des investisseurs, tout en préservant sa souveraineté économique. Cette réussite, fruit de plusieurs années d’efforts, de rigueur et de discipline budgétaire, constitue un signal fort de résilience et d’efficacité financière. Mais au-delà des chiffres, c’est une leçon de constance et de volonté. Notre pays prouve qu’avec peu de moyens mais beaucoup de détermination, il peut relever les défis les plus exigeants.

Cette performance ne doit toutefois pas nous inciter à nous endormi sur nos lauriers. Elle rappelle, au contraire, que seuls le travail, la bonne gouvernance et l’assainissement des finances publiques payent réellement. C’est en misant sur ces valeurs — et non sur les artifices de la dette ou les solutions de facilité — que le pays a su redresser la barre et préserver sa crédibilité.

Ce chemin reste exigeant, mais il trace une voie claire, celle d’un développement maîtrisé, porté par l’effort collectif et la transparence. La Tunisie a démontré qu’elle pouvait se redresser par elle-même, sans renier ses valeurs ni céder à la fatalité. Cette force tranquille, nourrie de travail et de foi en l’avenir, nous permet de croire en notre pays, en sa capacité à bâtir un avenir stable, digne et prospère, fidèle à son histoire et à l’espérance de son peuple.

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