Tunisie: C'est son mérite !

Ce que Ahmed Jaouadi a fait aux mondiaux de Singapour est stratosphérique. Un vrai miracle où son immense talent et sa générosité lui ont permis de rentrer une fois pour toutes au cercle des grands nageurs du monde. C’est finalement presque son mérite à lui.

Ses parents, son entraîneur Lucas et quelques personnes qui y ont cru ont aussi une part dans cette performance, mais c’est Ahmed Jaouadi qui a forcé son destin. Pour certains observateurs, cet exploit est jugé bizarre pour une natation tunisienne mal structurée et où il n’y a pas tant d’encouragement à l’élite.

Sans parler de l’état pitoyable des piscines et cette infrastructure qui n’a rien à voir avec l’immense exploit de Jaouadi. D’autres pays, qui ont des centaines de piscines, des moyens énormes, des entraîneurs qualifiés, n’ont pas eu de place en finale. Alors comment expliquer ce paradoxe ? Peut-être que ça ne sert à rien de vouloir expliquer.

C’est un talent collectif et un génie qui, de temps à autre, nous sortent un ou une championne sans qu’il y ait un travail derrière. La natation est, bien entendu, ce sport qui produit des champions, alors que les structures fédérales et la gestion de l’élite sont biaisées et mal gérées.

Avec aussi un ministère des Sports hyper-lent et conservateur pour financer son élite. Dans ce décor morose qui tue l’élite et les quelques éléments brillants dans notre sport, et avec un intérêt exclusif au football, comment des champions comme Ahmed Jaouadi peuvent-ils surgir ? Franchement, ce n’est pas facile d’y répondre.

Comme on l’a dit, le talent qui existe dans l’ADN tunisien, et surtout cette envie de briller et de faire abstraction des conditions misérables de notre élite les poussent probablement à se surpasser.

Un champion mondial comme Ahmed Jaouadi faisait la navette entre les bureaux du ministère des Sports à quelque temps de son rendez-vous mondial !Personne n’en parlait et ne l’encourageait à part quelques médias et amis.

Il n’avait même pas le strict minimum pour se consacrer sur la piscine et arrêter de penser à son hébergement, aux frais de participation, au salaire impayé de son entraîneur.

Et voilà que malgré tout cela, il devance des champions qui ont des staffs de dizaines de personnes à leur service et des moyens fous pour les accompagner.

C’est déjà un énorme exploit de le faire. Et maintenant qu’il est double champion du monde, on se bouscule pour lui arracher une interview, pour prendre une photo avec lui et pour récupérer une partie de son exploit.

Non, Ahmed Jaouadi est un champion parce que c’est son mérite à lui seul et en premier lieu. Il ne doit rien à personne. En l’absence d’encouragement et d’encadrement à la hauteur de ce qu’il fait, personne ne peut prétendre quoi que ce soit après ce succès.

Jaouadi a choisi de s’engager pour une université réputée en Floride qui encadre les nageurs de son âge, et c’est la meilleure décision qu’il a prise. Il ne peut plus perdre son temps à attendre un budget mince qui ne se débloque qu’en retard, il ne peut plus rester à la merci de quiconque.

L’approche américaine en natation est certainement plus développée que celle française et européenne. Qu’il se consacre maintenant à la natation et à des études qu’il a ratées ces deux dernières années. Plus loin il est de ce casse-tête du ministère des Sports et de sa fédération, mieux il sera sûrement.

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