Tunisie: Amnesty dénonce un «dangereux tournant» de la politique migratoire

Amnesty International publie ce jeudi 6 novembre « Personne ne vous entend quand vous criez », un rapport sur le respect des droits de migrants en Tunisie. À la suite d’une longue enquête, l’organisation de défense des droits de l’homme pointe le « dangereux tournant de la politique migratoire », notamment les exactions, les viols, les violences et le racisme des autorités comme des forces de l’ordre. Amnesty s’inquiète également du soutien financier de l’Union européenne aux autorités tunisiennes.
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Durant 28 mois, en interrogeant 120 réfugiés de 20 pays, l’enquête d’Amnesty intitulé « Personne ne vous entend quand vous criez » : le dangereux tournant de la politique migratoire en Tunisie s’est focalisée sur les interceptions en mer et les reconduites aux frontières libyennes et algériennes en plein désert. Et un fait revient : la systématisation d’actes de racisme.
« Derrière ces violations, on voit qu’il y a toujours un fond d’incitation à la haine raciale », explique Safia Ryan, chercheuse pour l’Afrique du Nord à Amnesty International. « Il y a toujours une base discriminatoire sur la base de la couleur de peau ».
Humiliations, violences, abandons en mer ou en plein désert, mais aussi des cas de viols. Le rapport d’Amnesty pointe les abus à l’encontre des migrants, abus qui s’apparentent aux exactions en zone de conflit. « On voit qu’elles sont sujettes à une série de mauvais traitements et de tortures, dont la violence sexuelle et notamment les viols » siffle la chercheuse. « On a documenté quatorze cas de femmes et aussi de filles mineures ».
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Le rôle critiqué de l’Union européenne
Amnesty International pointe la responsabilité de l’Union européenne qui finance, sans contrôle, la politique migratoire de la Tunisie. « Donc, ils ont intensifié le soutien, notamment aux interceptions en mer et aux contrôles migratoires, mais sans faire en sorte que ce soutien n’aille pas à des autorités qui étaient responsables pour ces violations. Il y a donc une véritable faille dans ce système de soutien aux autorités tunisiennes ».
Sollicités, ni l’État tunisien, ni l’Union européenne, n’ont répondu aux interrogations d’Amnesty International.
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