Transport écologique au Nigeria : les défis logistiques ralentissent l’ambition verte de Dangote

Camion GNC Dangote
Camion GNC Dangote

La raffinerie Dangote, fleuron industriel du Nigeria, voit son projet révolutionnaire de déploiement de 4 000 camions au gaz naturel comprimé confronté aux aléas du transport maritime international. Prévu pour transformer la distribution de carburant dans le pays le plus peuplé d’Afrique, ce programme écologique d’envergure se heurte à la réalité des capacités logistiques limitées entre la Chine et le Nigeria, illustrant les défis concrets de la transition énergétique dans les économies émergentes.

L’initiative pionnière de la raffinerie Dangote au Nigeria pour révolutionner la distribution de carburant grâce à une flotte de 4 000 camions fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC) connaît ses premiers retards. Prévue pour débuter le 15 août 2025, cette transformation écologique du secteur pétrolier nigérian se heurte à une réalité prosaïque : l’insuffisance des capacités de transport maritime entre la Chine et le Nigeria.

Une vision écologique ambitieuse contrariée par la logistique

Le projet de Dangote représente un investissement colossal de 720 milliards de nairas (environ 470 millions de dollars), cette initiative vise à transformer radicalement la chaîne d’approvisionnement énergétique du Nigeria. L’objectif était de déployer 4 000 camions-citernes alimentés au GNC pour économiser plus de 1,7 trillion de nairas annuellement aux Nigérians en coûts de distribution de carburant.

Mais la réalité du terrain a rappelé à la plus grande raffinerie d’Afrique les contraintes de la mondialisation. Seuls 450 camions ont été livrés au lieu des 4 000 prévus, en raison d’un manque de navires disponibles pour transporter les véhicules depuis la Chine. Un responsable senior du groupe Dangote a confirmé qu’ « il n’y a pas assez de navires venant de Chine pour transporter 4 000 camions et 4 000 camions-citernes« .

Les goulots d’étranglement du transport sino-nigérian

Cette situation illustre les défis structurels du commerce international entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest. Le transport maritime entre la Chine et le Nigeria est soumis à diverses contraintes : congestion portuaire, conditions météorologiques, efficacité logistique et délais douaniers. Le port de Lagos, principal point d’entrée des marchandises chinoises au Nigeria, traite la majorité des exportations chinoises vers l’Afrique de l’Ouest, mais ses capacités restent limitées face à la demande croissante.

Les livraisons s’effectuent donc par tranches : 200 camions dans le premier navire, 250 dans le second lot, et 150 supplémentaires attendus la semaine suivante. Avec seulement 11% de la flotte prévue actuellement disponible, Dangote doit ajuster sa stratégie de lancement.

L’enjeu écologique et économique du GNC au Nigeria

Ce retard temporaire ne doit pas occulter l’importance stratégique de cette transition énergétique. Le Nigeria, malgré ses vastes réserves de gaz naturel, reste largement dépendant des carburants fossiles traditionnels pour son transport. Le passage au GNC s’aligne avec les objectifs plus larges du Nigeria en matière de résilience économique, d’indépendance énergétique et de durabilité environnementale.

L’initiative de Dangote s’inscrit dans un mouvement plus large d’adoption du GNC au Nigeria. En 2023, le président Tinubu a créé l’Initiative présidentielle pour le gaz naturel comprimé (Pi-CNG) avec l’objectif d’atteindre un million de véhicules GNC d’ici fin 2027. Cette politique gouvernementale vise à atténuer l’impact de la suppression des subventions sur l’essence qui a fait tripler les prix à la pompe.

Le projet Dangote promet de réduire les coûts de distribution d’environ 40% par rapport aux camions diesel traditionnels tout en diminuant significativement les émissions de carbone. Cette initiative devrait également créer plus de 15 000 emplois directs dans la chaîne logistique.

L’initiative de Dangote, malgré ses difficultés initiales, pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains cherchant à moderniser leurs secteurs énergétiques. Dans un contexte où l’Afrique représente l’avenir de la croissance démographique et économique mondiale, de telles initiatives revêtent une importance cruciale pour l’avenir énergétique du continent.

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