Togo: une marche pour la liberté empêchée de partir à Lomé après l’encerclement des domiciles d’opposants

Au Togo, l’opposition et la société civile avaient appelé samedi 30 août à une marche citoyenne à Lomé, organisée par le mouvement du 6 juin (M66), un collectif d’artistes et de blogueurs de la diaspora. Cette marche visait à protester contre la mauvaise gouvernance et la restriction des libertés publiques. Mais elle a été empêchée, les forces de l’ordre ayant encerclé les domiciles de plusieurs personnalités responsables qui avaient associé leur voix à l’appel à manifester.
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Cette marche symbolique était prévue sur les trottoirs en file indienne pour éviter tout trouble à la circulation. Ses organisateurs voulaient honorer la mémoire de Sylvanus Olympio, premier président du pays, et rappeler le 30 août 1956, date de l’accession du Togo au statut de République autonome.
Mais la marche a été empêchée : plusieurs personnalités ont vu leurs domiciles encerclés par les forces de l’ordre, parmi elles la députée de l’opposition Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. Elle dénonce être en « résidence surveillée » :
« C’est dans la nuit, entre 0 h et 1 h du matin, que nos services de sécurité du parti ont donné l’alerte. Ils nous ont fait comprendre que nous étions déjà encerclés. On a dû veiller jusqu’au petit matin et quand je me suis présenté autour de 8 h, ils n’ont pas voulu me laisser passer. Il y a eu une trentaine de gendarmes. Ils ne m’ont pas permis d’aller au-delà du barrage. J’ai discuté avec le commissaire qui m’a dit « Madame, on a reçu des instructions de la hiérarchie, vous ne devez pas bouger ». Mais ce n’est pas possible, c’est une résidence surveillée de fait. Les libertés individuelles et publiques sont bafouées. Plus personne n’est autorisé à organiser des réunions ou des manifestations. En fait, ils font tout ça par peur et aussi pour étouffer la manifestation dans l’œuf. »
Narcisse Essowè Tchala, alias Amron, en fait également partie. Le célèbre rappeur n’a pas pu aller loin de sa maison, alors qu’il comptait participer à cette « une journée de marche sur le trottoir pour protester contre la mauvaise gouvernance, contre l’impunité, contre le détournement des deniers publics et contre la torture ».
Il avait décidé d’en faire ce jour, une journée de marche sur le trottoir pour protester contre la mauvaise gouvernance, contre l’impunité, contre le détournement des deniers publics et contre la torture. Je suis moi-même une victime de la torture, j’ai subi des actes de tortures dans un passé assez récent et je garde des traumatismes. Et jusque-là, les personnes qui m’ont torturé sont en liberté, quand bien même, nous avons enclenché une procédure judiciaire. Donc pour moi, c’était une manière à moi de protester contre les injustices et contre la politique de deux poids, deux mesures de la justice. Donc c’était dans ce sens-là que je voulais sortir, pour faire ma marche de protestation aujourd’hui. Malheureusement, ce matin, quand je suis sortie de chez moi, j’ai été empêchée par une escouade de gendarmes qui se sont mobilisés en grand nombre pour m’empêcher de sortir de chez moi. J’ai essayé de leur dire que je dois faire ma marche, que c’est pour ma santé, mais n’ont voulu rien savoir. Ils ont demandé à toutes les personnes qui étaient avec moi de se disperser et que chacun rentre chez soi. Et à moi personnellement, il m’a intimé l’ordre de retourner à la maison et de ne pas en sortir.
Le célèbre rappeur Amron raconte n’avoir pas pu sortir de chez lui pour la marche