Tchad: un pré-accord entre les communautés impliquées dans le drame de Mandakao «innocenterait» Succès Masra

Au Tchad, un protocole d’accord a été signé le 5 juillet entre les communautés Ngambaye et peules Foulbé, pour mettre fin au cycle de représailles, après le massacre de Mandakao, survenu, à la mi-mai. Ce document, qui a fuité vendredi 1er août sur les réseaux sociaux, au lendemain de l’inculpation de Succès Masra, révèle des détails sur le drame qui prouveraient la non-implication du chef du parti Les Transformateurs. Le principal opposant tchadien, accusé d’avoir instigué ces violences.

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Succès Masra est en détention préventive, depuis plus de deux mois. Il nie les faits et accuse le gouvernement de vouloir l’éliminer politiquement. Car Ndjamena l’accuse d’avoir instigué les violences de Mandakao.

Mais son parti affirme que ce protocole d’accord le disculpe et met en cause la version officielle sur l’origine des violences.

Le protocole, signé par les représentants des deux communautés, prévoit une compensation pour le peuple Foulbé afin de sceller la paix. Il dévoile des détails. C’est « un conflit foncier » survenu le 14 mai 2025 entre « un cultivateur Ngambaye et un éleveur Foulbé », dans le canton de Mandakao, qui a dégénéré en violences intercommunautaires. Le bilan a été très lourd, avec 45 Foulbés et 22 Ngambaye qui sont tués dans la foulée.

Cinq jours plus tard, ce sont 18 Ngambaye et un Foulbé qui ont péri dans des représailles sur des déplacés Ngambaye ayant trouvé refuge, à Orégomel, toujours selon le protocole d’accord.

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Pour le parti des Transformateurs, « c’est clair, ce protocole innocente automatiquement Succès Masra, car il prouve que c’était un conflit foncier comme il y en a eu avant, ou après », a réagi son vice-président Sitack Yombatina. Il rappelle que la société civile ou encore l’Église catholique ont enquêté et sont arrivés à la même conclusion, mais le gouvernement a décidé de les ignorer.

Le n° 2 des Transformateurs fustige un pouvoir qui « instrumentalise la justice à outrance pour abattre son principal opposant ». « Succès Masra doit être relâché tout de suite », a-t-il martelé.

« C’est une malhonnêteté intellectuelle », a répliqué le porte-parole du gouvernement qui explique que « en l’inculpant, la justice a estimé que les discours de haine propagés par Masra et ses sbires ont contribué à exacerber des tensions qui ont connu leur apogée avec le massacre de Mandakao ». « Le temps de la justice est toujours lent, mais elle va finir par trancher en toute indépendance », a rassuré Gassim Cherif.

Human Rights Watch appelle à l’intervention de Félix Tshisekedi 

Pour sa part, Human Rights Watch estime que l’arrestation et la détention de Succès Masra depuis le 16 mai, est « une manœuvre politique » et qu’elle remet gravement en cause l’accord de Kinshasa, signé par le gouvernement politique tchadien et le parti de Succès Masara en octobre 2023. Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique Centrale chez HRW, rappelle que Felix Tshisekedi est « le garant de l’accord » qui a permis à Succès Masra de revenir dans son pays, où il a été arrêté par la suite. L’organisation Human Rights Watch appelle le président Tshisekedi à intervenir publiquement en faveur de la libération de l’ancien Premier ministre :

Félix Tshisekedi a dit que c’était un jour nouveau sur Ndjamena et qu’il y aurait une démocratie nouvelle. Jusque-là on a vu les mêmes choses qu’avant.

Lewis Mudge (Human Rights Watch) appelle à l’intervention de Félix Tshisekedi pour la libération de Succès Masra

Liza Fabbian

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