Tchad: Le pays veut rétablir la peine de mort

Au Tchad, la peine de mort avait été abrogée en 2020. Désormais, une commission est chargée de la rétablir pour lutter contre la criminalité, selon le gouvernement.
Dans un mémorandum, plusieurs de ces organisations soulignent que le Tchad, qui avait fait un pas significatif vers la protection des droits humains, en abrogeant la peine capitale, en 2020, ne doit pas revenir en arrière.
Selon Youssouf Tom, ministre tchadien de la Justice, joint par la Deutsche Welle, le gouvernement justifie sa volonté de réinstaurer la peine capitale par la nécessité de lutter contre une criminalité en forte hausse dans le pays. L’objectif, selon lui, serait de décourager les criminels.
L’autorité de l’Etat plutôt que la peine de mort
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Ce sont des arguments « fallacieux », estime Mahamat Dingadjimbaye, responsable de la Coordination des associations de la société civile et de défense des droits de l’Homme (Cascidho), une organisation de la société civile proche du pouvoir.
Selon lui, « si, aujourd’hui, les gens disent qu’il faut ramener la peine de mort parce que il y a depuis quelque temps des crimes, je pense que c’est un jugement simpliste. Il faut seulement imposer l’autorité de l’État et il faut que la justice puisse effectuer son travail. C’est parce que la justice est faible qu’il y a des crimes. Au niveau de la Coordination des associations de la société civile et de défense des droits de l’Homme (Cascidho), nous nous opposons complètement à cette vision de revenir sur la peine de mort ».
Pour Layibé Tourdjimane, président de Droits de l’Homme sans frontières (DSF), la réintroduction de la peine de mort constituerait une grave régression pour le Tchad et irait à l’encontre des engagements internationaux du pays.
Il observe que « les acteurs de la société civile, précisément au niveau de DSF, sont déçus. Le Tchad doit évoluer, pas reculer sur les questions des droits humains. Nous disons simplement au gouvernement de surseoir à ce projet et que nous puissions aller de l’avant. Alors que le pays avait fait un pas important vers l’alignement sur les normes internationales de protection des droits de l’homme, pourquoi revenir en arrière ? Cette régression n’honore pas le Tchad ».
Ne pas revenir en arrière
Un avis que partage également Béral Mbaikoubou. « Je suis outré par cette initiative, dit le député. Nous avons fait beaucoup de chemin pour arriver à l’abolition de la peine capitale dans notre pays. Ce n’est pas pour que cela ne dure que quelques années et que nous fassions un retour en arrière. La vie est sacrée, personne n’a le droit d’ôter une vie. Si nous assassinons le criminel parce qu’il a tué, il n’y a pas de différence entre nous et lui. Ça veut dire que nous adhérons à son principe de résoudre nos problèmes par le crime. Ce n’est pas acceptable. Il n’y a aucun argument qui puisse permettre d’accepter le retour de la peine capitale dans notre pays ».
Certains observateurs redoutent également que le pouvoir tchadien utilise la peine de mort pour réprimer les voix dissidentes dans le pays, celles des activistes, des défenseurs des droits humains, des opposants politiques ou encore des journalistes.



