Tchad: l'arrestation d’un célèbre tiktokeur relance la polémique sur la mort d’un ex-ministre

Au Tchad, les interrogations se multiplient après l’arrestation d’un célèbre tiktokeur. Abdelwahab Hassan, dit Abdo, est suivi par des dizaines de milliers de personnes sur ses différents réseaux sociaux, jusqu’à plus de 600 000 sur la plateforme chinoise. Il est aux arrêts depuis le 11 décembre, suite à une vidéo en lien avec les conditions de la démission fin 2023, du ministre de la Défense de l’époque, pris dans une affaire de vidéo intime, et décédé quelques mois plus tard. L’affaire a pris tant d’ampleur que la famille de l’ancien ministre s’est réunie pour évoquer l’affaire.
Publié le :
2 min Temps de lecture
Dans une vidéo en arabe publiée en milieu de semaine dernière et rapidement effacée, Abdo dénonce les pratiques de « sponsoring » d’influenceurs par des personnalités. Pour étayer son propos, il revient sur les circonstances de la démission du général Daoud Yaya Brahim, en octobre 2023. Il explique avoir été approché à cette époque par un haut responsable de l’État qui lui aurait proposé de l’argent pour participer à la diffusion d’une sextape du ministre dans son bureau, diffusion qui contraindra le ministre à la démission. Quatre mois plus tard, le ministre décèdera en Égypte.
Ces propos, accréditant des suspicions de manipulation, valent à Abdo une arrestation, puis un transfert vers les services de renseignement, l’Anse.
Pour les journalistes tchadiens, l’affaire illustre la dérive des réseaux sociaux
Alors que la polémique enfle sur les plateformes, plusieurs dizaines de membres de la famille du général se sont réunis dimanche. Selon les comptes-rendus de la presse tchadienne, ils ont dénoncé une entreprise de « destruction morale » et demandé à la justice de faire son travail.
Pour les journalistes et communicants tchadiens, l’affaire illustre la dérive des réseaux sociaux. Abdo avait profité de sa notoriété pour participer à la communication électorale l’an dernier. Il avait par la suite été nommé à un poste au ministère de l’Action humanitaire. « La frontière entre communication, propagande et manipulation devient floue, dangereusement floue », écrivait samedi le site d’information Tchadinfos. « La mort du général Daoud Yaya Brahim nous a rappelé une vérité simple et terrible : les mots tuent. Une publication peut détruire un homme, briser une famille, laisser des stigmates indélébiles. »
À lire aussiTchad: deux ministres démissionnent après la publication de vidéos intimes sur les réseaux sociaux



