Tchad: éleveurs, agriculteurs… le Code pastoral divise toujours de larges pans de la société

Au Tchad, le ministère de l’Élevage déterre le Code pastoral de 2014, alors qu’à l’époque, ce texte avait été censuré et donc rendu illégal par le Conseil constitutionnel. Dans le pays, de nombreuses voix s’élèvent – évêques, partis politiques, société civile – pour dire que ce texte avantage et protège le pastoralisme, l’élevage et condamne les autres modes de production, notamment l’agriculture.

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Avec notre correspondante à Ndjamena, Nadia Ben Mahfoudh

Le sujet est particulièrement sensible. Les conflits pour accéder aux ressources sont omniprésents, dans un pays où les questions rurales concernent près de 80% de la population, d’après la plateforme Wakit Tama.

Aggravation des conflits ?

Juristes, acteurs politiques et société civile s’accordent à dire que l’utilisation du texte, censuré il y a dix ans par le Conseil constitutionnel et retiré par le président tchadien de l’époque, ne fera qu’aggraver les conflits entre éleveurs et agriculteurs. Mais Abderahim Awat Atteib, ministre de l’Élevage, assure que sa démarche vise à élaborer un Code pastoral inclusif et transparent.

« Nous avons présenté le même document. Nous avons pris l’avis des uns et des autres, par atelier. Nous allons essayer de faire un atelier national pour la validation de tout ce que les gens ont proposé. Nous, nous voulons limiter les conflits entre les agriculteurs et les éleveurs qui, ces derniers temps, ont toujours fini par mort d’homme », promet le ministre de l’Elevage.

Réguler le foncier

Pour Soumaïne Adoum, porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne, Wakit Tama, c’est la régulation du foncier qui permettra, à tous, un accès équitable aux ressources.

« On ne peut pas prendre l’agriculture, l’élevage, l’halieutique, comme un secteur à part car ils sont liés par une chose : le foncier. Ils utilisent tous la même source naturelle. Alors, la question qu’il faut aborder, c’est l’accès et la redistribution de ces richesses, de manière équitable, à l’ensemble des secteurs de production, en milieu rural », tient à souligner le porte-parole de la plateforme de la société civile tchadienne, Wakit Tama.

Entre 2021 et 2024, les conflits agro-pastoraux ont fait plus d’un millier de morts et le double de blessés, selon l’international Crisis Group.

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