Tchad: des réfugiés soudanais continuent de franchir la frontière après la prise d’El-Fasher

Au Soudan, l’inquiétude est toujours vive autour des civils d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, récemment conquise au Soudan par les Forces de soutien rapide (FSR) qui se sont livrées, sur place, à des atrocités, selon l’ONU. Des milliers de personnes ont fui jusqu’au Tchad voisin, à nouveau, où RFI est allée rencontrer ces exilés.
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Avec notre envoyée spéciale à Iriba, Nadia Ben Mahfoudh
Massacres, violences à caractère ethnique, viols et agressions sexuelles, c’est l’horreur décrite par ceux qui ont réussi à fuir El-Fasher. Plusieurs organisations humanitaires font état de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et les Nations unies parlent d’« une spirale d’atrocités ». Selon les estimations, entre 170 000 et 250 000 personnes étaient encore bloquées dans la ville au moment de la chute d’El-Fasher. Plus de 80 000 auraient réussi à fuir mais personne ne sait où elles sont.
Moins de 10 000 déplacés ont été enregistrés à Tawila, le camp le plus proche, et puis certains réussissent à atteindre le Tchad voisin. La plupart entre notamment par Tiné et Oure Cassoni, au nord-est du pays.
« Ils ont tué tous les civils »
Nous sommes allés à leur rencontre, au camp de réfugiés de Touloum, dans la région d’Iriba où le HCR délocalise les nouveaux arrivants pour désengorger la frontière.
La veille de l’offensive des FSR, Brahim Ahmad Abbakar et sa famille quittent El-Fasher.
Sa femme et ses enfants se dirigent vers le camp de Tawila. Lui, décide de partir seul vers le Tchad : « J’ai fait la route de nuit et à dos d’âne, mais les gens qui sont partis, après moi, n’avaient aucune chance. Ils ont tué tous les civils. Ils ont tué tout le monde. Quand tu es face à eux, que tu sois militaire ou non, il n’y a rien à négocier, il y n’y a que les armes. »
Le 26 octobre dernier, la capitale du Darfour-Nord tombe entre les mains des FSR, après un siège de 18 mois. C’est la faim, la soif, la violence et la peur.
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Rahma Mouhamad Abdallah a réussi à quitter El-Fasher, cet été, avec ses six enfants : « Il n’y avait pas de répit. On passait la journée dans les sous-sols. Des enfants ont été tués. Ils sont morts de soif. On voyait des enfants errer seuls, sans habits, perdus. Beaucoup ont perdu père et mère. On s’est moqué de nous, nous avons été humiliés, harcelés, pillés. Ils ne nous ont rien laissé. »
Comme Brahim et Rahma, ils sont plusieurs centaines à traverser la frontière tous les jours. Au total, le Tchad accueille près d’un million et demi de Soudanais sur son sol.
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