Tchad: 25 ans de prison requis contre l'ancien Premier ministre Succès Masra dans l'affaire Mandakao

Vendredi 8 août, au troisième jour du procès de l’affaire de Mandakao à Ndjamena, l’ancien Premier ministre n’a reconnu aucun des faits qui lui sont reprochés. Succès Masra, accusé d’avoir « diffusé des messages de nature raciste et xénophobe », d’« assassinat » ou encore d’« association de malfaiteurs » en lien avec le conflit intercommunautaire de Mandakao, a entendu le réquisitoire du ministère public : 25 ans de prison ferme contre lui et 65 de ses co-accusés.

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Avec notre correspondante à Ndjamena, Nadia Ben Mahfoudh

Au procès du massacre de Mandakao, perpétré le 14 mai 2025 au Tchad, la séance de ce vendredi 8 août dans l’après-midi a débuté par les plaidoiries des avocats de l’État, qui se sont constitués partie civile. « Ce n’est pas un conflit entre communauté ni un conflit foncier. C’est la prémisse d’un cas de génocide », a déclaré l’un des avocats. Car pour lui, les événements de Mandakao auraient été planifiés « par un groupe de personnes contre un autre », et tout aurait été « savamment orchestré », le point de départ étant un message de Succès Masra, qui circule depuis 2023. 

Dans cette affaire, on retrouve deux dossiers : celui de 74 hommes accusés d’avoir participé au massacre, et donc celui de Succès Masra, ancien Premier ministre. Vendredi après-midi, les avocats de l’État ont demandé que les accusés soient condamnés solidairement à verser 5 milliards de francs CFA, ainsi que la confiscation de tous les biens de l’ancien chef du gouvernement.

Puis, est venu le moment du réquisitoire du ministère public : 25 ans de prison ferme sont requis contre Succès Masra et 65 de ses co-accusés, tandis que neuf autres bénéficient du doute ; le procureur général a demandé leur acquittement. 

Les plaidoiries de la défense des 74 accusés ont ensuite débuté. « Vous n’avez pas une seule empreinte dans ce dossier. Vous n’avez pas un seul témoin oculaire ni de vidéo filmant les auteurs du massacre », a plaidé l’une des avocates, qui a demandé, faute de preuves, que l’ensemble des accusés soient acquittés.

La défense de Succès Masra tance « un acharnement » et « la loi du plus fort »

Les avocats de Succès Masra ont ensuite pris la parole à leur tour pour défendre leur client. « Nous demandons votre indulgence (…) nous serons dix avocats à plaider », a déclaré d’entrée Me Francis Kadjilembaye, le coordonnateur du collectif des avocats de l’ex-Premier ministre. « Un homme innocent n’a pas besoin de beaucoup se défendre », lui a répondu le président de la Cour criminelle.

Il était environ 19 heures à Ndjamena lorsque la défense du président des Transformateurs a entamé les plaidoiries. La fatigue s’est fait ressentir, tout comme l’impatience de beaucoup de personnes. Au fond de la salle, les accusés de Mandakao ont passé la journée assis à même le sol. Succès Masra était, lui, sur une chaise, toujours entouré d’une dizaine d’agents de la police judiciaire, en uniforme, armés et cagoulés. 

« C’est un procès normal contre un citoyen ou c’est un acharnement dicté par une personne au-dessus de la justice ? », a demandé l’un des avocats à la Cour. « J’ai compris qu’il y avait un objectif fixé à l’avance pour justifier l’arrestation de notre client. Nous sommes en train de subir la loi du plus fort », a lancé un autre. 

Le président de la Cour a fini par prendre la parole pour demander d’écourter les plaidoiries. Mais l’une des avocates du collectif est intervenue : « Quelle urgence y a-t-il pour que nous ayons à finir cette audience aujourd’hui ? »

Le lundi 11 août étant la fête nationale de l’indépendance au Tchad, les avocats ont demandé un report à mardi. Mais le président de la Cour a annoncé une reprise de l’audience dès samedi matin.

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