Tanzanie: Une campagne électorale de plus en plus tendue à l'approche du scrutin

En Tanzanie, la campagne électorale se déroule dans un climat de plus en plus tendu. À deux semaines du scrutin du 29 octobre, les arrestations et les disparitions se multiplient jusqu’à toucher un ancien ambassadeur, ex-membre du parti au pouvoir et critique du régime. Un épisode qui marque un tournant dans la répression. Tandis que la commission électorale redessine la carte du pays, la Haute Cour, elle, vient d’écarter la candidature du troisième homme de la course.
Des traces de sang retrouvées au sol, la porte fracturée, les caméras de surveillance désactivées avant l’attaque… À Dar es Salaam, la disparition de l’ancien ambassadeur, Humphrey Polepole, choque le pays. Selon sa famille, cet ex-membre du parti au pouvoir, devenu critique du régime, a été enlevé à son domicile dans la nuit du lundi 6 octobre.
La police dit enquêter, mais sans livrer de résultats. Aujourd’hui, la répression dépasse les cercles de l’opposition, explique l’avocat William Maduhu. « Les membres du parti politique CCM sont désormais les cibles de la répression. Le parti au pouvoir pensait sans doute que ces enlèvements ne toucheraient que les militants ou l’opposition. Mais si un ancien ambassadeur peut être enlevé, imaginez ce qu’il peut arriver à un citoyen lambda ? Ces disparitions ont commencé sous John Magufuli, mais jamais à un tel niveau. C’est la première fois que d’anciens responsables du gouvernement sont visés », explique-t-il.
Les défenseurs des droits humains redoutent désormais des violences
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Le climat est d’autant plus tendu que la commission électorale a supprimé dix circonscriptions et déplacé plusieurs bureaux de vote. Ce redécoupage est jugé suspect par l’opposition. Et la Haute Cour a rejeté ce mercredi la candidature du candidat d’ACT Wazalendo, troisième force politique, estimant ne pas pouvoir interférer dans les décisions de la commission électorale, qui avait déjà écarté sa candidature pour irrégularités administratives.
Résultat : le CCM, parti de la présidente Samia Suluhu Hassan, se retrouve pratiquement seul en lice. Et à deux semaines du scrutin, les défenseurs des droits humains redoutent désormais des violences le 29 octobre. Selon eux, toutes les personnes appelant à manifester ce jour-là subissent déjà des arrestations.



