Tanzanie : la Présidente Samia Suluhu Hassan face à son premier véritable scrutin national

Samia Hassan
Samia Hassan

La Tanzanie s’apprête à vivre un moment politique décisif : ce 29 octobre, les électeurs élisent leur Président et leurs députés dans un climat mêlant espoir et méfiance. Pour Samia Suluhu Hassan, arrivée au pouvoir en 2021 après la mort de John Magufuli, ce scrutin marque sa première confrontation directe avec les urnes. Son parti, le Chama cha Mapinduzi, au pouvoir depuis l’indépendance, mise sur une victoire nette pour consolider sa domination, tandis que l’opposition dénonce un processus verrouillé et un pluralisme affaibli.

Ce mercredi 29 octobre, la population de Tanzanie est appelée aux urnes pour élire la présidente de la République et renouveler l’Assemblée nationale. Pour Samia Suluhu Hassan, qui a succédé à John Magufuli après son décès en 2021, ce scrutin constitue sa toute première candidature au suffrage universel direct. Bien qu’elle ait dirigé le pays depuis ce moment-là, elle n’avait jamais été élue par les électeurs à l’échelle nationale. Son parti, Chama cha Mapinduzi (CCM), en place depuis l’indépendance, mise sur sa réélection pour transformer cette succession constitutionnelle en légitimité populaire.

Un contexte sécurisé mais tendu

Sur le papier, le processus électoral présente les formes d’un scrutin multipartite : dix-sept candidats ont été acceptés par la commission électorale. Toutefois, l’atmosphère qui entoure le vote est loin d’être apaisée. Plusieurs observateurs, dont Amnesty International, dénoncent un climat marqué par des arrestations d’opposants, des intimidations de militants et des restrictions sur les médias et les réseaux sociaux.

La commission électorale a par ailleurs disqualifié les candidatures de figures majeures de l’opposition. Le chef de file du principal parti d’opposition, Tundu Lissu (parti Chadema), est en détention pour « haute trahison ». Parallèlement, Luhaga Mpina, présenté par l’ACT‑Wazalendo, a été exclu pour des irrégularités internes selon les autorités. Cette absence de grands rivaux crédibles laisse à la Présidente sortante un boulevard quasi libre. Selon plusieurs analystes, il ne s’agit pas d’un simple vote mais d’un « test de légitimité ».

Les axes de campagne de Samia Suluhu Hassan

Sur le plan politique, la candidate de la CCM articule son discours autour de trois grandes priorités : stabilité, continuité et unité nationale. Elle promet de poursuivre les grands chantiers lancés sous son autorité : développement des infrastructures, amélioration des services publics, création d’emplois. Elle insiste aussi sur la nécessité de maintenir la cohésion entre la Tanzanie continentale et l’archipel semi-autonome de Zanzibar.

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En parallèle, elle présente un programme centré sur ce qui est appelé les « 4 R » : réconciliation, réforme, reconstruction et résilience. Elle propose aussi de renforcer les partenariats avec la société civile et de lancer un processus constitutionnel d’ici 100 jours en cas de victoire. Le scrutin revêt une dimension particulière à Zanzibar, dont le poids politique est souvent sous-estimé.

Zanzibar, épicentre de la tension électorale

L’archipel est un bastion historique de l’opposition et suscite désormais de sérieuses inquiétudes. En effet, le vote anticipé y a permis à des centaines de milliers de personnes d’être inscrites, l’opposition avance un chiffre de 50 000 alors que les autorités évoquaient environ 7 000. Un déploiement sécuritaire renforcé a également été observé. Ces éléments renforcent l’idée d’un verrouillage du processus avant même le jour du scrutin.

Outre la Présidence, les électeurs élisent 264 députés (214 pour la Tanzanie continentale, 50 pour Zanzibar). À cela s’ajoutent 113 sièges réservés aux femmes, un dispositif présenté par les autorités comme un gage de progrès en matière de représentation de genre.  Mais au-delà des chiffres, c’est tout le système politique qui est en jeu : un score écrasant de la CCM renforcerait davantage sa domination historique, tandis qu’un résultat serré ou contesté pourrait semer les graines de l’instabilité.

Le verdict attendu dans les trois jours

Les résultats sont attendus dans les trois jours suivant le scrutin. Pour Samia Suluhu Hassan, l’élection est une validation populaire, voire une légitimation internationale, après une montée en puissance sous conditions exceptionnelles. Mais pour les observateurs, le poids moins visible des uns et l’ascendant exercé par la majorité font de ce rendez-vous une épreuve plus symbolique que réellement concurrentielle. Dans ce paysage, la question de savoir si la démocratie en Tanzanie avance ou recule reste ouverte.

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