Sénégal: Réinvention de la croissance : Le secteur privé plaide pour un écosystème révolutionnaire

Face à une économie en pleine mutation, La Maison LDK a réuni des acteurs clés de l’écosystème économique lors d’un déjeuner d’affaires tenu le 13 décembre 2025 à Dakar. Sous la bannière thématique « Réinventer la croissance en temps de mutation : la diversité du réseau comme levier d’impact », cet événement exclusif a catalysé un diagnostic économique sans concession et des propositions audacieuses, appelant à une mobilisation sans précédent du secteur privé pour redéfinir les cadres législatifs et financiers de l’entrepreneuriat.

D’emblée, l’intervention de Monsieur Alla Sène Guèye, Président de la Fédération Nationale des Industries du Sénégal (FNIS), a rapidement confronté l’assistance à une réalité chiffrée. Insistant sur le décalage entre les ambitions nationales et l’intensité entrepreneuriale réelle, M. Guèye a exposé un diagnostic sans appel de la « croissance en zigzag » du pays. Selon les chiffres présentés par le représentant du patronat, le Sénégal ne compte que 18 000 entreprises formelles (déposant leurs états financiers) pour 18 millions d’habitants. Cette faible densité contraste fortement avec ses voisins régionaux et ses concurrents continentaux, qui affichent des taux nettement supérieurs : la Côte d’Ivoire en dénombre 85 000 pour 32 millions d’habitants, tandis que le Maroc atteint 400 000 entreprises formelles pour 35 millions d’habitants. Ce déficit en entreprises structurées représente un frein majeur à la résilience économique et à la création d’emplois durables.

L’appel à l’action de M. Guèye s’est concentré sur une révolution culturelle dans les relations entre l’État et le secteur privé. Regrettant que le processus législatif soit dominé par l’Exécutif, le Président de la FNIS a pressé le patronat de cesser de se plaindre des défis fiscaux et financiers. M. Guèye a appelé à l’abandon de cette attitude de « réclamation stérile », exhortant plutôt le secteur privé à se structurer pour présenter des propositions concrètes et impactantes.


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M. Guèye a notamment suggéré de s’inspirer du modèle marocain, où le secteur privé détient des leviers institutionnels puissants. « Il faut que nous ayons cette humilité de dire, parce que le privé il dit non, nous on est privé, vous êtes l’État, il faut qu’on aille ensemble… On a besoin de ce climat et des affaires pour avancer. »

Le message est clair : l’heure n’est plus à la doléance, mais à l’utilisation de la voie parlementaire pour imposer un cadre de concertation institutionnelle garantissant que les lignes bougent.

Abordant le volet social et stratégique, M. Guèye a dressé un tableau alarmant de l’éducation : 4 enfants sur 10 en âge d’être scolarisés n’y vont pas, avec un taux de scolarisation particulièrement faible au niveau du secondaire. L’investissement estimé pour l’inclusion universelle atteint 1600 milliards FCFA, un montant colossal face aux 43 milliards alloués à la construction d’écoles par le Ministère.

Pour combler ce fossé, la FNIS propose de transformer l’éducation en « industrie sans cheminée ». La solution ? Un Partenariat Public-Privé (PPP) massif incluant des incitations fortes pour les investisseurs privés (gratuité du foncier et exonération de TVA sur les équipements et la construction, comme c’est le cas pour l’école privée catholique) afin de mobiliser immédiatement les fonds nécessaires, l’État garantissant le remboursement sur 20 ans.

Les échanges avec d’autres leaders ont mis en évidence les défis concrets et quotidiens. Plusieurs participants ont témoigné d’un véritable « parcours du combattant » ou « travail d’Hercule » face à l’administration sénégalaise. La lenteur et le manque de clarté des procédures (obtenir un titre foncier peut prendre sept ans, tandis que l’argent est encaissé immédiatement) découragent la formalisation des entreprises. À cela s’ajoute le coût du financement : les taux d’intérêt bancaires de 12 % sont jugés exorbitants, anéantissant la rentabilité et rendant impossible toute projection sérieuse pour les entrepreneurs.

En clôture de l’événement, Soukeyna Diarra, fondatrice de La Maison LDK, a livré un vibrant plaidoyer synthétisant l’enjeu de cette rencontre. Rappelant la mission d’HERA de catalyser l’excellence africaine, elle a salué la clarté des analyses et réaffirmé la nécessité pour le secteur privé d’être uni et fort, capable de transformer la pression économique en pression législative, à l’image des grands patronats mondiaux. Profondément convaincue du potentiel du continent, elle a partagé sa motivation personnelle :

« J’ai quitté la France, car je suis convaincue que nous les Africains, on peut faire l’excellence. En Afrique, je sais que j’aurai un impact parce que ces gens-là me ressemblent. »

Mme Diarra a ainsi insisté sur l’importance de la fédéralisation des acteurs et de la fierté culturelle comme piliers de la réussite économique. Elle a conclu par un appel à concrétiser les connexions établies durant la rencontre pour faire de ce réseau un véritable levier d’impact durable.

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