Sénégal: Désenclavement – Plus de 42 milliards FCfa pour «valoriser» le fleuve Casamance

Longtemps relégué à l’arrière-plan des politiques de transport et d’échanges, le fleuve Casamance s’apprête à retrouver un rôle stratégique. Un programme d’envergure, porté par l’État à travers l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam), ambitionne d’en faire un axe structurant de croissance et de création d’emplois dans le sud du Sénégal.

ZIGUINCHOR – En Casamance, les attentes et les défis demeurent persistants. Toutefois, l’État du Sénégal a déjà initié des projets structurants dans cette partie du pays. À Ziguinchor, par exemple, l’Agence nationale des affaires maritimes a annoncé, le 7 novembre dernier, un ambitieux projet de développement fluvio-maritime évalué à 42,9 milliards de francs FCFA.

L’initiative vise à transformer le fleuve Casamance en un véritable moteur économique régional, en misant sur l’amélioration de la navigabilité, la modernisation des infrastructures portuaires et le renforcement des capacités humaines.


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Au coeur du programme figure un vaste chantier de dragage et de balisage du chenal, destiné à rétablir des conditions de navigation fiables et sécurisées. Pour y parvenir, le directeur de projets à l’Anam, Maguèye Guèye, souligne l’importance de l’implication des acteurs locaux afin d’adapter chaque composante aux réalités du terrain. La situation actuelle du fleuve, rappelée par le chef de la circonscription maritime Sud, Mamadou Moustapha Ndiaye, ne laisse guère de place au statu quo.

Autre urgence à prendre en compte dans ce programme : la profondeur du chenal. Celle-ci est passée de 7,5 à 4,6 mètres en raison de la sédimentation, ce qui constitue, de l’avis des experts de l’Anam, un obstacle majeur à la navigation et limite les échanges.

À cela s’ajoutent, selon M. Ndiaye, la vétusté des infrastructures portuaires et le déficit de formation dans les métiers maritimes. Pour lui, la restauration de ce couloir naturel est perçue comme une étape déterminante pour désenclaver durablement la région.

Un centre de formation pour les métiers de la mer

Ce projet, annoncé en novembre 2025 par les services du ministère des Pêches et de l’Économie maritime, prévoit également la construction de deux ports de pêche modernes à Elinkine et à Kafountine.

Ces infrastructures devraient améliorer les conditions de travail des acteurs de la pêche, optimiser la chaîne de valeur halieutique et renforcer l’attractivité économique des zones côtières.

Outre la construction des ports de pêche, l’Anam annonce la création d’un centre de formation spécialisé dans les métiers de la mer, avec pour ambition de qualifier une nouvelle génération de jeunes et de mieux arrimer l’offre de compétences aux besoins du secteur. Pour sa part, l’adjoint au gouverneur de la région de Ziguinchor chargé du Développement, Alsény Bangoura, a affirmé que la mise en valeur du fleuve et de ses ressources naturelles représente un « levier essentiel pour libérer le potentiel économique de la Casamance ».

De son côté, le collaborateur du gouverneur Mor Talla Tine estime que l’eau et la pêche constituent des atouts stratégiques encore sous-exploités, capables de soutenir une croissance inclusive et durable.

La situation actuelle du fleuve, marquée par la dégradation des infrastructures portuaires et un manque criant de main-d’oeuvre qualifiée, renforce l’urgence d’agir.

En s’attaquant simultanément à ces différents défis, ce programme entend impulser une nouvelle dynamique autour du fleuve Casamance, perçu par les populations comme une richesse stratégique et un vecteur d’avenir pour l’ensemble de la région.

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