Sénégal: Campagne de commercialisation de l'arachide – Le petit producteur toujours en première ligne

Alors que l’attention nationale est accaparée par le sport et les débats politiques, une crise silencieuse continue de fragiliser le monde rural : celle de la commercialisation de l’arachide.

Comme chaque année, les petits producteurs peinent à écouler leur récolte à un prix rémunérateur, mettant en péril leur survie économique et l’équilibre de milliers de ménages. À l’issue de visites menées sur plusieurs points de consolidation, le Mouvement PROGRÈS dresse, au 25 décembre 2025, un constat préoccupant de la campagne de commercialisation de l’arachide.

Le principal goulot d’étranglement demeure le financement. Les opérateurs économiques rencontrent de sérieuses difficultés d’accès au crédit, tandis que les institutions financières conditionnent leurs engagements au règlement préalable, par l’État, des factures liées à la collecte des semences.

Cette situation provoque une rupture de trésorerie en cascade, dont les premiers impactés sont les producteurs. Confrontés à des besoins immédiats, beaucoup se voient contraints de céder leur arachide à des prix dérisoires, bien en deçà du prix officiel. Un scénario qui se répète d’année en année, révélant une faiblesse persistante de coordination et un manque d’anticipation des contraintes financières.


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Pour le Mouvement PROGRÈS, une campagne de commercialisation ne saurait s’improviser. Elle doit être préparée en amont, dès l’année précédant la production. Obtenir de bons rendements n’a de sens que si la chaîne de valeur est structurée, inclusive et durable. Or, en l’absence d’un dispositif solide, les efforts consentis par les producteurs restent vains.

Dans ce contexte, la SONACOS, acteur historique et stratégique de la filière, est appelée à jouer pleinement son rôle. Mais cela suppose un renforcement significatif de son plateau technique afin d’améliorer ses capacités de collecte, de transformation et de régulation du marché. Sans ces moyens, la chaîne de valeur demeure déséquilibrée et vulnérable aux pratiques spéculatives.

Le Mouvement PROGRÈS plaide également pour un changement de méthode dans la concertation. Les grandes rencontres aux déclarations de principe ont montré leurs limites. L’approche chaîne de valeur exige au contraire des cadres restreints, fonctionnels et périodiques, réunissant producteurs, opérateurs, transformateurs, banques et structures publiques, afin de renforcer la communication et bâtir des relations durables.

Malgré les importants efforts financiers consentis par l’État en faveur de l’agriculture, PROGRÈS estime qu’il est désormais impératif de réorienter la politique agricole vers la consolidation effective des chaînes de valeur. La filière arachidière, pourvoyeuse de devises et pilier socio-économique de milliers de familles, doit être érigée en priorité stratégique nationale.

Pour une commercialisation plus équitable et efficace, le Mouvement PROGRÈS formule plusieurs propositions clés : la mise en place de lignes de crédit dédiées à la commercialisation de l’arachide, notamment via la LBA et la BNDE ; un rôle accru de l’État comme garant des lettres de crédit à travers le FONGIP et la CNAAS, l’instauration d’un calendrier public et contraignant de règlement des factures de semences,  l’application effective d’un prix plancher avec des agents de contrôle sur le terrain, le renforcement des capacités techniques de la SONACOS, et enfin, une contractualisation accrue entre producteurs, opérateurs et transformateurs, soutenue par des cadres de concertation territorialisés.

« Protéger le petit producteur n’est ni un slogan ni une faveur », rappelle le Mouvement PROGRÈS. « C’est un choix stratégique pour bâtir une agriculture performante, une économie résiliente et une souveraineté nationale durable. »

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