Sports traditionnels: le festival Êlê, plus qu’une course de pirogues en Côte d’Ivoire [3/10]

Tous les ans, des dizaines d’équipes convergent à Adiaké, à 100 km d’Abidjan, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire. Objectif : devenir les champions lors du festival Êlê, une compétition disputée sur la lagune Aby juste avant la saison des pluies. Plus qu’un sport, c’est une question de fierté villageoise pour les participants.

De notre envoyé spécial à Adiaké,

Huit pirogues turquoise s’élancent. À grands coups de pagaie, les équipages fendent l’eau. Leur but : terminer premier à l’issue de deux allers-retours, 1 200 mètres. Une course en ligne d’aviron, en beaucoup plus physique.

Au bout, les Anges de Kakoukro s’imposent. Les cinq rameurs en maillot orange s’écroulent sur le rivage. Eric le capitaine est aussi heureux qu’à bout de souffle. « Ce n’est pas un jeu. C’est un très bon sport. Cela fait du bien, c’est un niveau sportif comme le foot, c’est aussi bon, j’aime cela », confie-t-il, en reprenant haleine.

Il y a de quoi. En Côte d’Ivoire, les courses d’Adiaké attirent jusqu’à 20 000 spectateurs pour les finales. Ce succès populaire prend ses racines chez les Agnis. « C’est une vieille tradition. Elle intervient au moment de l’année où on arrête la pêche pour pouvoir permettre aux poissons de se reproduire. Pour ne pas laisser les pêcheurs oisifs, on organise des courses de pirogue. Cela permet de resserrer les liens entre les différents villages et nous permet également de régler les problèmes des différentes communautés », explique Tahi Kassi, l’un des chefs de cette communauté de pêcheurs.

La course de pirogue représente plus que du sport pour les concurrents. Une question d’orgueil, notamment pour Tahi Kassi : « C’est un honneur, parce que traditionnellement les villages sont célébrés pendant toute une année jusqu’à la prochaine trêve. »

« Cette année, on doit rentrer à la mairie de Grand-Bassam avec le trophée. C’est très important, car on a fait un long voyage [60 kilomètres, NDLR] pour venir à Adiaké. Ce n’est pas la ville d’Adiaké qui nous plaît, ce n’est pas la lagune qui nous plaît, nous sommes venus ici pour prendre le trophée. Cela va changer beaucoup de choses, cela va nous donner l’honneur », témoigne Joël, marin. Lui et son équipe sont venus de Bassam pour gagner. Pour l’emporter, certains s’entraînent donc toute l’année.

Mais plus que la compétition, c’est surtout une identité qui est préservée pour Tahi Kassi : « Cela redonne de la vigueur à la culture. C’est très important pour la communauté Agni. » Cette année, le trophée est revenu aux Anges de Kakoukro pour la sixième fois. Les terreurs de la lagune Aby sont champions jusqu’à la prochaine édition du festival Êlé.

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