Soudan: les exactions sur les civils «se multiplient» après la prise d'El-Fasher par les FSR

Au Soudan, plus le temps passe, plus l’étendue des atrocités commises par les paramilitaires des Forces de soutien rapide se confirment. Selon différents rapports des organisations humanitaires, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont été commis contre des civils démunis, visant les habitants d’El- Fasher tout comme ceux qui tentaient de fuir la violence, depuis le 26 octobre dernier, date de l’entrée des FSR dans cette ville du Darfour nord encerclée depuis un an et demi.
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Au Soudan, de nouvelles images confirment la crainte de l’amplification d’exactions massives envers les civils. Ce 28 octobre, la coordination des comités de résistance à El-Fasher a annoncé, officiellement, la mort du dernier soldat qui défendait la ville face aux paramilitaires. El-Fasher est actuellement entièrement aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) qui se livrent à des exactions longtemps préparées en amont dénonce le gouvernement à Khartoum, et que les FSR exhibent sur les réseaux sociaux.
El-Fasher, c’est une guerre que l’on peut suivre en consultant les sources ouvertes. Des multitudes de vidéos, dont les membres des Forces de soutien rapide sont les auteurs, les réalisateurs et les acteurs, racontent la terreur qu’ils font régner. Leur imagination paraît sans bornes pour créer toutes sortes de sévices : pendaison par les bras, exécutions à bout portant et autres atrocités difficiles à regarder.
Des images édifiantes
Les images satellite Maxar étudiées par les chercheurs de l’Université américaine de Yale, montrent des flaques rouges devant les maisons dans les quartiers d’El-Fasher. Des habitations fouillées une par une, avant d’être pillées et brûlées, tout comme le musée Ali Dinar à El-Fasher.
D’autres images, montrent des membres du Croissant Rouge, frappés, humiliés et malmenés par les FSR. Leur destin reste inconnu. Des centaines de personnes ont également été enlevées. C’est le cas de six membres du cadre médical à El-Fasher. Les FSR réclament des rançons à leurs familles.
Les forces conjointes à l’armée régulière ont annoncé la liquidation de 2 000 civils dans la ville, mais ce 28 octobre, le général Abou Loulou des FSR, Issa Fatef Abdallah Idriss de son vrai nom, s’est fièrement vanté sur Tik Toc d’avoir tué, à lui seul, 2 000 civils et peut-être plus. Il affirme joyeusement qu’il est prêt à recommencer.
Des exactions massives
Ces exactions massives ont également touché les volontaires qui aidaient les habitants d’El-Fasher. Parmi eux, Mohamad Khamis Douda, avec qui on échangeait à RFI, et qui nous fournissait des contacts et des informations de la ville assiégée. On a appris qu’il avait été exécuté sommairement comme des centaines de civils. Selon un journaliste de l’AFP qui se trouve à Tawila, le camp de réfugiés situé à quelque 60 km, les civils qui ont réussi à fuir sont « traumatisés et blessés », ils « décrivent des scènes de génocide ».
La majorité des personnes qui fuient arrivent à Tawila à bout de souffle après avoir subi la violence des FSR. Sylvain Pénicaud, directeur de projet à Médecins sans frontière, a été joint sur place dans le camp de réfugiés de Tawila, par RFI.
En ce moment, les équipes de Médecins sans frontières font face à un afflux massif de personnes qui fuient El-Fasher.
Soudan : de plus en plus de réfugiés arrivent d’El-Fasher témoigne Sylvain Pénicaud, directeur de Médecins sans frontière
Ce 28 octobre, le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU a fait état de rapports « d’exécutions atroces » et de « violences sexuelles contre les femmes et les jeunes filles » commises « par des groupes armés pendant les assauts et sur les groupes en fuite ». Le HCR s’inquiète de « l’escalade de violences brutales » depuis la chute de la ville, en soulignant « la grande peur des familles qui ont survécu à 500 jours de siège ».
Quelque 177 000 civils se trouvent encore dans la ville et ses environs, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 26 000 ont fui la ville depuis dimanche dernier. Cinq volontaires soudanais du Croissant-Rouge ont également été tués dans l’exercice de leurs fonctions à Bara, au Kordofan du Nord, et trois autres sont portés disparus. Bara est passée la semaine dernière aux mains des FSR.
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