Soudan : le choléra ravage un pays déjà brisé par la guerre

Cholera
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Au moment où la guerre civile ravage le Soudan depuis plus d’un an, une autre crise frappe en silence : une épidémie de choléra d’une intensité sans précédent. Plus de 101 000 cas et 2 500 décès ont été recensés, dans un pays où le système de santé est en ruines. Au Darfour, l’une des régions les plus touchées, la maladie prolifère au cœur des camps de déplacés surpeuplés. Entre conflits armés et effondrement humanitaire, le choléra devient une menace mortelle ignorée du monde.

Alors que le Soudan s’enfonce dans une guerre civile brutale depuis avril 2023, une autre catastrophe frappe durement le pays : une épidémie de choléra d’une ampleur inédite. Le ministère soudanais de la Santé a récemment annoncé 1 575 nouveaux cas et 22 décès en une semaine, portant le total à plus de 101 000 cas et 2 515 morts. Dans l’ombre du fracas des armes, la maladie tue en silence, profitant de l’effondrement du système de santé, de la misère des déplacés et de l’inaction internationale.

Le choléra : un fléau ancien, une menace ravivée

Le choléra n’est pas une maladie nouvelle au Soudan. Elle sévit régulièrement depuis des décennies, notamment après les saisons des pluies ou dans les zones où les infrastructures sont déficientes. Mais l’épidémie actuelle se distingue par son ampleur, sa rapidité de propagation et son impact dévastateur sur une population déjà affaiblie.

Provoquée par la bactérie Vibrio cholerae, la maladie se transmet par l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée. Elle provoque de graves diarrhées et peut tuer en quelques heures si elle n’est pas traitée. Or, dans de nombreuses régions soudanaises, les conditions d’accès aux soins sont dramatiquement limitées, rendant la prise en charge médicale presque impossible.

Darfour : l’épicentre d’une crise sanitaire majeure

La région du Darfour, déjà marquée par des décennies de conflit ethnique et politique, est aujourd’hui l’un des principaux foyers de l’épidémie. Médecins Sans Frontières (MSF), très active dans la zone, rapporte plus de 2 300 patients traités récemment, dont 40 décès la semaine d’avant. À Tawila, au Darfour-Nord, la situation est particulièrement alarmante. Près de 400 patients ont été admis dans un centre de traitement prévu pour 130 lits, forçant le personnel à installer des malades à même le sol.

L’afflux de déplacés, plus de 380 000 personnes autour d’El Fasher selon l’ONU, aggrave encore la situation. Les camps, surpeuplés et insalubres, deviennent des foyers de contamination. L’eau potable est rare, les latrines insuffisantes ou inexistantes, et la promiscuité empêche toute mesure de prévention efficace. La guerre entre l’armée régulière soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) a détruit une grande partie des infrastructures du pays, notamment les hôpitaux et les centres de santé.

Effondrement du système de santé : une situation hors de contrôle

Dans les zones les plus touchées, les soignants travaillent sans matériel, sans médicaments, et souvent au péril de leur vie. Le ministère de la Santé, débordé, dépend désormais presque entièrement de l’aide des ONG. Dans ce contexte, les règles d’hygiène élémentaires sont inapplicables : l’eau insalubre devient vecteur de maladie, les déchets s’accumulent, et les gestes de prévention ne sont ni enseignés ni pratiqués. Le choléra se répand là où la guerre a tout emporté : sécurité, infrastructures, espoir. La crise sanitaire est indissociable de la crise politique et humanitaire.

Depuis le début du conflit en avril 2023, plus de 20 000 morts sont officiellement recensés, et 14 millions de personnes déplacées. Des estimations indépendantes, comme celles d’universités américaines, avancent un chiffre bien plus élevé : environ 130 000 morts. C’est dans ce contexte d’exode massif que le choléra prospère. La population soudanaise est piégée entre les balles, la faim, la maladie et l’oubli. Chaque déplacement, chaque camp de fortune, chaque famille qui fuit devient une cible potentielle pour l’épidémie.

L’appel pressant de Médecins Sans Frontières

Il ne s’agit plus seulement d’un problème de santé publique, mais d’un effondrement total du tissu social et humanitaire.Face à l’ampleur du drame, MSF appelle à une mobilisation internationale immédiate. Dans son dernier communiqué, l’organisation exhorte les bailleurs de fonds et les institutions internationales à fournir des soins médicaux d’urgence, notamment des centres de traitement du choléra bien équipés.

MSF espère un renforcement de l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement dans les zones affectées, en plus d’un lancement des campagnes de vaccination de masse pour freiner la propagation. Médecins Sans Frontières appelle aussi à mettre en place un mécanisme de coordination des secours pour répondre aux épidémies dans les zones de guerre. Car si rien n’est fait rapidement, alerte-t-on, le choléra risque de tuer autant que les balles au Soudan, voire davantage.

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