Soudan du Sud : les poursuites contre Riek Machar ravivent les tensions politiques

Riek Machar et Salva Kiir
Salva Kiir (à droite) et Riek Machar (à gauche)

Les poursuites engagées contre Riek Machar, ancien vice-président et ex-chef rebelle, plongent le Soudan du Sud dans une nouvelle zone de turbulences. Accusé de crimes contre l’humanité et de trahison, Machar a été démis de ses fonctions par le président Salva Kiir, brisant l’équilibre fragile instauré depuis l’accord de paix de 2018. Ses partisans dénoncent une manœuvre politique destinée à l’écarter, tandis que les craintes d’un retour à la violence resurgissent dans un pays toujours meurtri par la guerre civile.

Depuis l’annonce des poursuites contre l’ancien vice-président Riek Machar, le climat politique du Soudan du Sud s’est considérablement tendu. Accusé de crimes graves et déchu de ses fonctions, l’ex-chef rebelle voit son avenir politique s’assombrir, alors que les équilibres fragiles du pays semblent voler en éclats.

Des accusations lourdes et un contexte explosif

Jeudi soir, le ministère sud-soudanais de la Justice a dévoilé une série de charges contre Riek Machar : crimes contre l’humanité, meurtre, terrorisme, financement d’actes terroristes, trahison et conspiration. Selon les autorités, l’opposant aurait coordonné une attaque meurtrière contre une base militaire début mars dans le nord-est du pays, menée par l’« Armée blanche », une milice soupçonnée de lui être alliée. Plus de 250 soldats, un major général et un pilote onusien auraient perdu la vie lors de cet assaut.

Quelques heures après l’annonce, le président Salva Kiir a signé un décret révoquant Machar de son poste de vice-président, entérinant ainsi la rupture d’un équilibre déjà fragile entre les deux hommes.

Des partisans vent debout contre « une justice instrumentalisée »

Les soutiens de Riek Machar rejettent catégoriquement les accusations, les qualifiant de « montées de toutes pièces ». Pour eux, il ne s’agit pas de justice mais d’une manœuvre politique visant à écarter l’opposant et à remettre en cause l’accord de paix de 2018, conclu après une guerre civile qui avait fait près de 400 000 morts et déplacé des millions de personnes.

Le SPLM-IO, le parti de Machar, traverse lui-même une crise profonde. Divisé depuis plusieurs mois, une partie de ses cadres a choisi de se rapprocher du pouvoir, tandis que les plus fidèles à l’ancien vice-président vivent désormais en exil. Cette implosion fragilise encore davantage la capacité du mouvement à peser dans le jeu politique.

La fin d’un équilibre précaire

Depuis la signature de l’accord de paix, la coexistence entre Salva Kiir et Riek Machar, bien que tendue, était perçue comme une condition minimale pour maintenir la stabilité. Leur tandem, souvent qualifié de mariage de raison, garantissait une forme d’équilibre politique.
La mise à l’écart de Machar et son inculpation menacent donc de rallumer les braises d’un conflit que beaucoup redoutent encore. Les appels de ses soutiens à dénoncer un « contrôle autoritaire total » de la part du gouvernement accentuent ces craintes, laissant planer le risque d’une nouvelle spirale de violences.

Alors que le pays peine à se relever des années de guerre civile, les poursuites contre Riek Machar apparaissent moins comme un simple dossier judiciaire que comme une étape dans la lutte acharnée pour le pouvoir. En écartant brutalement son rival, Salva Kiir pourrait avoir fragilisé encore davantage les fondations déjà instables d’un État en quête de paix et de légitimité.

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