Soudan: BNP Paribas reconnue complice d'exactions au pays sous Omar el-Béchir

BNP Paribas a été condamnée vendredi 17 octobre pour complicités d’exactions au Soudan, sous le règne de l’ancien président Omar el-Béchir. La plus grande banque française a été reconnue coupable d’avoir exercé dans ce pays et donc participé au financement de l’armée soudanaise et de milices liées au régime. Le procès s’est tenu à New York, où trois plaignants soudanais naturalisés américains ont obtenu près de 21 millions de dollars de compensation.
Viols, tortures, lacérations au couteau, brûlures de cigarette… Les trois plaignants, deux hommes et une femme, ont raconté au jury les sévices subis des mains des séides du régime soudanais, qui ont volé ou détruit leurs biens. Selon leurs témoignages, les bourreaux appartenaient à l’armée de l’ancien président Omar el-Béchir, au pouvoir de 1989 à 2019, ou aux milices janjawid qui faisaient régner la terreur au Darfour.
Les plaignants accusaient BNP Paribas d’avoir participé au financement de la répression et d’en être donc complice. La banque a « soutenu un nettoyage ethnique et anéanti l’existence » des plaignants, a déclaré leur avocat.
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Active dans le pays de la fin des années 1990 à 2009, BNP Paribas a fourni à Khartoum des lettres de crédit dans le cadre de contrats commerciaux sur du pétrole ou des produits agricoles, garantissant des transactions en cas de défaut de paiement.
Les avocats clament que la banque ne portait pas de responsabilité directe
Ses avocats ont clamé que la banque ne portait pas de responsabilité directe, que le Soudan connaissait des violences récurrentes depuis son indépendance, et que les exactions auraient eu lieu indépendamment de sa présence.
Cette défense n’a pas convaincu le jury populaire, qui a condamné la banque à verser aux trois plaignants un total de 20,75 millions de dollars de dommages et intérêts.



