Somalie: L'attaque de la prison de Godka Jilacow révèle de sérieuses brèches dans l'appareil sécuritaire

En Somalie, le ministère de la Sécurité intérieure a annoncé des contrôles de supplémentaires, y compris sur ses propres forces, après l’attaque terroriste qui a eu lieu samedi 4 octobre à Mogadiscio. La prison de Godka Jilacow, au coeur de la capitale, a été assaillie, par des combattants d’al-Shebab. Cette prison de haute sécurité est pourtant gérée par la NISA, l’Agence nationale de renseignement et de sécurité. Mais les assaillants se sont déguisés en forces de sûreté pour atteindre l’infrastructure.
« Cet incident souligne notre besoin urgent de contrôler les véhicules aux couleurs des agences de sécurité du gouvernement » concède, dans un communiqué, le ministère somalien de la Sécurité intérieure qui annonce la mise en place de fouilles pour les véhicules de l’armée ou de la police.
L’attaque de la prison de Godka Jilacow a révélé de sérieuses brèches dans l’appareil sécuritaire fédéral somalien. Il aura suffi de quelques déguisements et d’un peu de peinture, pour que les shebabs passent sans encombre plusieurs barrages de contrôle, avec une voiture chargée d’explosifs. C’est d’ailleurs déguisés avec des uniformes de la NISA, l’Agence nationale des services de renseignement et de sécurité, dans une voiture peinte à ses couleurs, que les combattants shebabs ont pu rejoindre la prison. D’après le ministère de la Sécurité intérieur, leur véhicule piégé a ainsi trompé la vigilance de plusieurs barrages de contrôle.
Sur X, Gulled Ahmed, chercheur à l’Institut sur le Moyen-Orient, dénonce l’aveuglement des autorités somaliennes. « Il y a plus de six mois, que les shebabs ont renforcé leur présence à Mogadiscio » écrit-il.
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Depuis plusieurs mois, les attaques se multiplient : l’aéroport de Mogadiscio a essuyé à plusieurs reprises des tirs de mortier, en juillet l’académie militaire de la capitale était soufflée par une explosion. Dans une interview donnée à la BBC en somali, la semaine passée, le président Hassan Cheikh Mohamoud a pourtant affirmé « qu’il n’y avait aucune raison de penser que les shebabs étaient plus forts aujourd’hui qu’il y a deux ans. »
D’après le ministère de la Sécurité intérieure, les assaillants n’étaient que sept. Ils ont pourtant tenu tête, des heures durant, aux forces spéciales somaliennes. Godka Jilacow est une prison souterraine, gérée par la NISA, l’Agence nationale des services de renseignement et de sécurité, qui y a aussi installé ses bureaux.
Sur ses réseaux sociaux, le groupe al-Shabab explique avoir mené cette opération pour libérer certains de ses combattants. Le ministère de la Sécurité intérieure, quant à lui, n’a donné aucune information sur ce point.
Une attaque de cette ampleur, en plein coeur de la capitale, représente un revers important pour le gouvernement fédéral de Somalie, qui lançait quelques heures plus tôt son programme « Mogadiscio sûr. » En déplacement à Kismayo, dans l’État du Jubaland aujourd’hui, le président Hassan Cheikh Mohamoud n’a fait aucun commentaire sur les évènements d’hier.



