Face à l’enclavement critique de leur quartier en pleine saison des pluies, les jeunes de Zack Kénia, un quartier de la commune de Ziguinchor, ont pris les choses en main. Sans attendre l’État ni la mairie, ils restaurent eux-mêmes un tronçon dégradé devenu impraticable. Un acte citoyen qui réveille les consciences et appelle une réponse urgente des autorités.
À Zack Kénia, quartier situé à la périphérie de Ziguinchor, les jeunes n’attendent plus de solution miracle. Armés de pelles, de sacs de sable et de morceaux de bois, ils tentent de restaurer une route devenue un véritable champ de boue, depuis le début de l’hivernage. Ce tronçon, qui relie l’hôpital psychiatrique à l’église du quartier, est aujourd’hui à peine reconnaissable.
«Le quartier de Kénia souffre énormément de son enclavement. Il n’y a aucune route praticable, surtout en cette période d’hivernage. Nous avons des pistes transformées en flaques d’eau», alerte Ismaïla Djiba, président de l’association des jeunes de Zack Kénia.
Avec les fortes précipitations enregistrées dans cette partie de la Casamance, la situation s’est aggravée, transformant la vie quotidienne en épreuves. Piétons comme automobilistes peinent à se déplacer, et les risques se multiplient en cas d’urgence sanitaire.
«Nous avons des difficultés pour nous rendre d’un quartier à un autre. Les voitures ont du mal à accéder ici à cause du mauvais état de la route. Imaginez une urgence médicale… ?», déplore à nouveau, le jeune président.
Conscients du danger et de l’abandon, les jeunes du quartier ont décidé d’agir. «C’est pourquoi nous nous sommes retroussés les manches. Nous faisons notre part, un acte citoyen, pour limiter les dégâts et permettre une circulation minimale», explique Ismaïla Djiba.
L’élan solidaire a vite trouvé un écho chez les habitants, fatigués d’attendre une intervention des pouvoirs publics. «La route est très dégradée. Nous demandons de l’aide. Chaque hivernage, on est coupé du reste de Ziguinchor. C’est difficile», témoigne Ndèye Sadio Manga, une résidente du quartier.
La mémoire locale conserve encore les stigmates de tragédies liées à cette situation. Une information révélée par le coordonnateur des organisations de la société civile pour la paix en Casamance (Cospac).
«Il y a deux ans, une vieille dame est décédée pendant l’hivernage. C’était un vrai calvaire pour transporter son corps à cause de l’état de la route», relate Henry Ndecky. Pour lui, la démarche des jeunes mérite d’être saluée et surtout soutenue.
«Ces jeunes montrent la voie, mais ce n’est pas à eux seuls de porter ce fardeau. J’invite les autorités à agir sans délai pour mettre les populations de Kénia dans des conditions de vie dignes», martèle-t-il.
Dans ce quartier laissé à lui-même, l’initiative citoyenne s’élève comme une alerte. Mais la réponse attendue reste celle des institutions. Bitumer leur tronçon dégradé n’est pas une faveur, rappellent les habitants : c’est un droit.