Sénégal: Ourossogui – Des hommes dans le business de la lessive

À Ourossogui, ville carrefour, la lessive est une activité dominée principalement par des étrangers, notamment les Maliens. Sans complexe, ils parviennent à trouver le chemin du salut financier grâce à ce job, dans un contexte où l’emploi est de plus en plus rare.
Ourossogui est une ville cosmopolite. Cette situation s’explique par sa position très stratégique. Beaucoup de nationalités, venues des quatre coins de la sous- région, s’y retrouvent pour gagner leur vie.
Les Maliens en font partie. Cependant, ils se distinguent des autres non seulement par le culte du travail, mais aussi par le fait de ne sous-estimer aucun job. Alors qu’il est difficile de trouver un cmploi, les citoyens maliens résidant à Ourossogui se sont convertis en laveurs de linge pour tirer leur épingle du jeu.
Lundi 24 novembre, un vent frais, accompagné de poussière, souffle sur la ville carrefour. Le ciel est
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couvert d’une couleur grise, empêchant le soleil de se montrer. A quelques encablures du stade municipal d’Ourossogui, on aperçoit des habits étalés sur des arbustes à même le sol. Arrivé sur place,
on découvre un groupe d’hommes en plein exercice. Certains, assis sur un tapis en forme de bâche, frottent des habits à l’aide d’une brosse. Ils multiplient l’action jusqu’à avoir la certitude que les vêtements sont propres. « C’est un travail pénible, mais nous y sommes habitués maintenant », lance Aldiouma Diallo d’un ton amical.
Ce jeune malien d’une vingtaine d’années environ est venu au Sénégal à la recherche du mieux-être. « Il n’y a pas de sot de métier. L’essentiel est de vivre à la sueur de son front », dit- il. Depuis deux ans, Aldiouma dit exercer le métier de laveur de linge. « Le tarif d’une chemise est fixé à 100 FCfa et le pantalon entre 150 et 200 FCfa », informe le jeune homme. « Nos clients, ajoute-t-il, sont pour la plupart des célibataires ressortissants des autres localités ».
Pour Brahim Sow, faire la lessive est une tâche rude, qui demande beaucoup de courage. « Je me lève
La lessive est dominée à Ourossogui principalement par des étrangers.
tôt le matin pour remplir les barils d’eau avant de m’atteler à la besogne », confie-t-il, soulignant que le déficit d’eau plombe leur activité.
À l’en croire, il doit se sacrifier pour prendre soin de sa famille qu’il a laissée derrière. «Malgré la pénibilité du travail, on ne gagne pas beaucoup d’argent », laisse entendre Brahim. Il soutient qu’il est difficile de mobiliser 100 000 FCfa dans le mois. Très affable, Diari Sow est récemment venu dans la capitale économique du Fouta.
« Je suis là il y a à peine un mois. Auparavant, j’étais au Gabon », raconte-t-il, remerciant ses concitoyens qui l’hébergent en attendant qu’il puisse payer le loyer. Le quadragénaire explique que les temps sont durs, mais il fait de son mieux pour s’en sortir, car, avance-t-il, il a une famille à entretenir au bercail.
Autre difficulté rencontrée par ces laveurs d’habits: le vol. Brahim Sow explique qu’ils sont souvent
confrontés à ce problème. « Nous subissons des cas de vol. Certains profitent de nos moments d’inattention pour dérober des habits », déplore-t-il. Et cette situation, soutient-il, les met dans une position inconfortable avec les clients.
De l’avis d’Aldiouma Diallo, à force de se courber, ils ont des problèmes de dos. « Donc, il faut être bien solide pour exercer ce job », assure-t-il.

