Sénégal: De la finance aux champs, parcours atypique d'un agripreneur de Niaguis

Niaguis — Le jeune agripreneur Amadou Moustapha Diatta, directeur et fondateur de la Ferme pédagogique de Niaguis, dans la région de Ziguinchor (sud), a quitté la finance pour l’agriculture, avec l’ambition de participer activement au développement de sa communauté.

À 35 ans, Diatta incarne cette nouvelle génération de jeunes Sénégalais convaincus que la réussite ne se cherche pas forcément ailleurs. Il considère surtout que le véritable eldorado, c’est la terre.

Titulaire d’un master en ingénierie financière, Moustapha Diatta aurait pu faire carrière dans une grande structure ou poursuivre ses études en Suisse, une opportunité qu’il avait à portée de main. Mais son attachement profond à son terroir l’a ramené à Niaguis, avec une conviction : montrer qu’on peut réussir sans quitter le village.

« J’ai voulu montrer aux jeunes qu’il est possible de rester au village et de réussir. Beaucoup quittaient le monde rural pour les grandes villes. Mon objectif, c’est de leur prouver que le succès peut aussi se cultiver ici, chez nous », confie-t-il.


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De 0,5 hectare à 5 hectares : la croissance d’un rêve

Tout a commencé sur un demi-hectare. La Ferme pédagogique de Niaguis s’étend désormais sur cinq hectares et s’impose comme un modèle d’agriculture intégrée.

Sur ses terres, Amadou Moustapha Diatta pratique l’élevage (poules pondeuses, poulets de chair, poulets fermiers), le maraîchage (aubergines, gombos, concombres) et la culture d’agrumes (orangers, citronniers, etc.).

En 2024, la ferme a produit plus de 10 tonnes de denrées agricoles et vise 20 tonnes dès la prochaine saison, grâce à une deuxième exploitation déjà en activité.

La particularité de Niaguis, c’est que dans ce village, les techniques ancestrales se mêlent aux nouvelles technologies.

« Nous avons commencé de manière artisanale, mais aujourd’hui, nous tendons vers l’agriculture intelligente. Les connaissances locales combinées à l’innovation technologique permettent d’améliorer la production, la durabilité et la résilience de nos systèmes agricoles », explique Moustapha Diatta.

Pour lui, l’avenir du secteur passe par l’intelligence artificielle, mais aussi par la valorisation du savoir-faire local.

Un message d’espoir pour la jeunesse rurale

Mais la Ferme pédagogique de Niaguis n’est pas qu’un lieu de production, c’est aussi un centre de formation et d’insertion professionnelle.

Elle collabore avec les ISEP (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel), les lycées agricoles et plusieurs programmes étatiques, dont le dispositif école-entreprise du ministère de la Formation professionnelle.

Les jeunes y sont formés en pratique (80 %) et en théorie (20 %), avant d’obtenir un diplôme reconnu par l’État. Une véritable pépinière de futurs agripreneurs.

Le travail du jeune agripreneur a attiré de nombreux soutiens, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la coopération japonaise, l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA).

Il y a aussi l’ADER/Sénégal (Agir pour le développement rural du Sénégal), le programme Agri-jeunes, Proval-CV, le Projet de valorisation des eaux pour le développement des chaînes de valeur.

Marié et père de trois enfants, Amadou Moustapha Diatta reste fidèle à sa vision : faire de l’agriculture un moteur d’espoir et de prospérité.

« L’agriculture demande patience, courage et vision. Avec l’appui des nouvelles technologies, nous voulons rendre ce secteur attractif et montrer qu’il peut être une voie d’avenir pour la jeunesse », a-t-il fait valoir.

Et de conclure, avec un sourire : « S’enrichir ne veut pas dire s’expatrier. La richesse, c’est notre terre. Nos ancêtres nous ont tout légué : un climat favorable, un sol fertile et un potentiel énorme. Il suffit d’y croire et de travailler avec passion ».

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