Sénégal: Dagana – Des productrices veulent faire des cultures maraîchères et fourragères un levier de développement

Richard-Toll) — Les femmes du Groupement d’intérêt économique NANN-K de Dagana, misent sur les cultures maraichères et fourragères pour participer au développement économique et à la création d’emploi dans ce département situé dans la région de Saint-Louis mais dans le pays, créer plus d’emplois et fixer les jeunes dans leur terroir.
Ces productrices, ont reçu récemment un financement de sept millions francs CFA de leur parrain, Baaba Maal, artiste et lead vocal du Daande Lenol, pour vulgariser davantage les cultures maraichères et fourragères, participer au développement du pays et créer des emplois pour fixer les jeunes dans les terroirs.
De nos jours, l’activité agricole la mieux pratiquée chez les femmes productrices du département de Dagana, se rapporte à la culture maraichère et à la culture fourragère, grâce notamment à la présence de beaucoup de cours d’eau dans la zone.
Le Groupement d’intérêt économique NANN-K compte aussi des fans du musicien sénégalais établis au Sénégal et à l’étranger.
Au Campement Souleymane, situé dans un quartier périphérique de la commune de Richard-Toll, les femmes du GIE NANN-K Walo, ont aménagé un important périmètre agricole en bordure du canal de Taoeuy relié au lac de Guiers.
Dans cet espace verdoyant, on aperçoit du fourrage appelé « Maral falfa » du piment vert, du navet blanc, du maïs, du haricot vert, de la tomate, du chou et beaucoup d’autres produits qui attirent au premier regard l’attention des clients venus s’approvisionner.
« Nous avons lancé notre mouvement il y a dix ans lorsque notre parrain, Baba Maal était en tournée dans les régions du Sénégal pour faire comprendre à ses fans son projet de transformation des associations en mouvements socio-économiques », explique la présidente du GIE, Ramatoulaye Sy.
Selon elle, c’est une manière de faire participer les femmes au développement endogène en vue de lutter contre le chômage et la pauvreté. Elle rappelle que, pour ce projet, le chanteur originaire de Podor compte sur des partenaires qui ont décidé de le financer, ajoutant que les femmes ont adhéré à cette initiative en tant que fans du musicien grâce à la vision de ce dernier.
Sans attendre le financement d’un montant de sept millions de francs CFA, les femmes de ce GIE s’étaient déjà organisées pour anticiper sur le projet en initiant des cotisations fixées à 250 francs CFA par membre pour aménager des parcelles à la bordure du canal Taouey situé au campement Souleymane, un quartier de la commune de Richard-Toll.
Toujours dans l’attente d’octroi de terres à Bardial et à Pathé Badjo
Sur place, un espace verdoyant accueille le visiteur. L’espace bien aménagé, clôturé avec du grillage est bien attaché aux arbres ceinturant les parcelles. Des légumes et autres plantes odorantes occupent le décor.
« Nous avons aménagé quelques plants ici au Campement Souleymane bien avant le financement. Avec les cotisations, nous avons pu nous lancer d’abord dans la culture du fourrage et de légumes qui nous a permis, plus tard de nous lancer dans la transformation des produits céréaliers et des aliments de bétails », souligne Madame Sy.
Selon elle, les membres du GIE NANN-K Walo ont très tôt approuvé l’idée du projet, poussant d’autres femmes provenant des communes environnantes à les rejoindre.
« L’engagement dont nos membres ont fait montre en l’espace de quelques mois m’a positivement surprise. Cela a grandement favorisé notre réussite. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaites des rendements enregistrés depuis le début », informe la dame.
Ce dimanche, sous une chaleur torride, Aissata Yall Sall est venue récolter du navet vert et du piment. Debout au milieu des plants, elle donne des instructions à ses camardes.
Cette mère de famille âgée d’une quarantaine d’années fait partie toujours des premières à arriver sur les lieux. Elle fréquente quotidiennement le champ qu’elle quitte bien après les autres. « Au début, on avait beaucoup de problèmes avec la commercialisation, ce qui est tout à fait normal, car il n’est pas facile de venir s’imposer facilement dans le circuit. Mais, au fil du temps nous avons réussi à comprendre les réalités du marché », raconte la native du quartier Khouma.
D’après la productrice, la commercialisation a commencé à marcher et à porter ses fruits grâce aux relations que les membres ont noué avec d’autres personnes.
Pour elle, si la vente du fourrage connaît un essor fulgurant, c’est parce qu’elles sont dans une zone où l’élevage constitue la deuxième activité la plus pratiquée derrière l’agriculture, expliquant aussi sa réussite dans la zone.
Aïssata Yall Sall regrette toutefois l’insuffisance des parcelles accordées aux femmes du département de Dagana, ce qui constitue un véritable frein à l’épanouissement des productrices de la zone.
Apres plusieurs années de pratique, ces femmes nourrissent aujourd’hui l’ambition de promouvoir et décentraliser leurs activités un peu partout dans le département de Dagana. Elles souhaitent aussi partager leurs connaissances avec les jeunes et les femmes de la vallée avec la mise en place d’autres champs pour mieux faire valoir ces cultures.
« Nous sommes convaincues que si nous arrivons à décentraliser nos activités au niveau du département, on pourra facilement créer plus d’emplois chez les jeunes et les femmes », laisse entendre Ramatoulaye Sy. Elle souligne qu’elles attendent l’octroi des hectares au niveau de Bardjal ou de Pathé Badjo, deux villages de la commune de Mbane non loin de la ville de Richard-Toll.
Avec ces hectares de terres cultivables, elles comptent élargir leurs activités à d’autres filières agricoles afin d’augmenter leur capacité de production.
Ndema Awwo Ngayanaka Nalangkaagal e karalagal en pulaar (NANN-K) est une association qui s’intéresse à l’agriculture, la pêche, l’élevage, la culture et toutes les nouvelles technologies au service de la société pour un développement de l’Afrique et plus particulièrement de la vallée du fleuve Sénégal.