Sénégal: Corridor Dakar-Bamako – Sécurisation du trafic et facilitation douanière

Réunis hier, vendredi 21 novembre, à Dakar à l’occasion d’une visite officielle des autorités maliennes, les représentants consulaires, portuaires et gouvernementaux des deux pays ont réaffirmé leur détermination à préserver et sécuriser le corridor Dakar-Bamako, artère stratégique de la circulation des marchandises en Afrique de l’Ouest.
Cette rencontre entre hauts responsables des deux États a abouti à l’adoption d’un schéma d’action concerté, ambitieux destiné à protéger les échanges et à renforcer une coopération séculaire.
Organisée à la Chambre de commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar, la rencontre a permis d’examiner l’évolution de la situation au Sahel et les effets qu’elle produit sur cet itinéraire majeur, issu de l’ancien chemin de fer Dakar-Niger.
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La délégation malienne, conduite par la ministre des Transports et le président de la Chambre de commerce du Mali, Madiou Simpara, a été présentée comme d’une ampleur peu courante. « Je n’ai jamais vu une délégation malienne aussi imposante au Sénégal », a indiqué Waly Diouf Bodiang, directeur général du Port autonome de Dakar (PAD). Pour Abdoulaye Sow, président de la Chambre de commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar, « le Mali est le premier partenaire africain du Sénégal. Plus de 80 % des échanges terrestres transitent par nos plateformes logistiques et portuaires ».
Les discussions ont porté sur les difficultés rencontrées le long du corridor, où les entraves sécuritaires se multiplient. « La guerre terroriste a pris une dimension de guerre économique », a observé un membre de la délégation malienne, appelant à une coordination fondée sur l’anticipation et non sur la seule réaction.
Une Déclaration de Dakar pour structurer la coopération
Les deux parties ont adopté une Déclaration de Dakar définissant les orientations prioritaires : consolidation du mécanisme de concertation permanente, renforcement des dispositifs de sécurité, digitalisation des procédures douanières et création d’un Comité technique mixte Sénégal-Mali. Parmi les mesures annoncées figure l’annulation, pour trois mois, des surestaries et des frais de magasinage au Port de Dakar, décision visant à libérer environ 2 000 conteneurs immobilisés. « Nous ne pouvions imposer des charges supplémentaires au Mali dans un tel contexte », a précisé le directeur général du PAD.
La délégation malienne a pris acte des initiatives sénégalaises, notamment la visite récente du ministre de la Défense à Bamako. « Le Sénégal et le Mali constituent un seul et même peuple. La déstabilisation du Mali annonce celle du Sénégal », a déclaré Waly Diouf Bodiang. À l’issue des échanges, une position commune s’est dessinée : selon Abdoulaye Sow, « il n’y a pas d’économie sénégalaise forte sans un Mali stable, prospère et connecté ».
Dakar assouplit les formalités sur les conteneurs maliens
Une dépêche AC/APA, nous indique que dans le prolongement de ces engagements, le président de la République du Sénégal a reçu la ministre malienne des Transports et des Infrastructures, Madina Sissoko Dembélé. Celle-ci a exprimé la reconnaissance du gouvernement malien pour les mesures prises en vue d’améliorer la circulation des marchandises à destination de Bamako.
Selon l’ANSD, le Mali demeure le principal client du Sénégal, avec 20,1 % des parts de marché en septembre 2025, pour un volume d’achats de 84,4 milliards de FCFA. Les exportations sénégalaises vers ce pays ont progressé de 31,6 % entre août et septembre 2025 et atteignent 662 milliards de FCFA sur les neuf premiers mois de l’année, soit une hausse de 7,8 % par rapport à la même période en 2024. L’excédent commercial en faveur du Sénégal s’établit à 84,3 milliards de FCFA en septembre 2025.
Pays enclavé, le Mali dépend du Port de Dakar pour la majorité de ses flux extérieurs, dont le ciment sénégalais, qui représente près de 80 % des exportations, ainsi que les dérivés pétroliers, conserves de poisson, préparations alimentaires et divers biens manufacturés. L’amélioration des procédures portuaires intervient dans un contexte marqué par les tensions sécuritaires frontalières et par la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO en janvier 2025, leur maintien au sein de l’UEMOA continuant cependant de faciliter les échanges.
Cette séquence diplomatique confirme la place centrale du corridor Dakar-Bamako et l’importance que les deux États accordent à la continuité de leurs échanges.


