Sénégal: Baye Niass et Kossi, une longue histoire d'engagement spirituel et social

Kaolack — Situé sur la route nationale numéro 4, non loin de la transgambienne, Kossi Baye Niass est un village qui doit beaucoup à El Hadji Abdoulaye Niass El Kabir. Le père du vénéré Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass (1900-1975) y est arrivé en 1911, alors que ce village n’était qu’un hameau, en provenance du Djolof.

Kossi Baye Niass sert de point de départ à la mission spirituelle de Cheikh Ibrahima Niass et représente, à ce titre, une étape déterminante de la Faydatou Tidjania, cette branche de la Tidjanya fondée par Baye Niass.

La particularité de Kossi Bitéyène ancienne appellation de Kossi Baye Niass réside dans le fait que les premiers habitants de ce village sont originaires du Djolof, dans le nord-ouest du Sénégal, précisément de Mbeuleukhé (Louga). Ils étaient venus prêter main forte à l’Almamy du Rip, Maba Diakhou Bâ, alors engagé depuis quelques années dans une guerre sainte dans cette zone.

Les nouveaux arrivants étaient également à la recherche de terres fertiles. « Ils étaient des musulmans, vénéraient Dieu et le Coran et s’investissaient dans l’agriculture », souligne l’enseignant à la retraite Cheikh Bitèye, notable de Kossi Baye Niass et disciple de Baye.


Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn

Dans ce village où tout le monde est de confession musulmane, les enfants vont d’abord à l’école coranique avant d’intégrer l’école française.

Avant de venir habiter à Kossi, El Hadji Abdoulaye Niass s’était d’abord installé à Taïba-Niassène, lieu de naissance de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass, dans le département de Nioro du Rip, non loin de Kossi.

« C’est à Kossi que Baye Niass a mémorisé le Coran » 

Des années plus tard, il décide de s’installer à Léona Niassène, actuellement dans la commune de Kaolack, mais se rend compte très vite qu’il ne peut vivre sans mener des activités de travaux champêtres, enseigner le Coran et apprendre aux disciples les enseignements islamiques. Ce constat le conduit à s’installer à Kossi, où vivaient déjà certains de ses parents du Djolof.

Le père de Cheikh Al Islam s’y consacra définitivement à l’éducation de ses disciples, à l’enseignement du Coran et à l’agriculture. Sa présence protégerait les champs de Kossi contre les prédateurs, disait-on à l’époque.

Il passait la saison sèche à Kaolack et revenait s’installer à Kossi pendant l’hivernage pour s’adonner à l’agriculture, jusqu’à sa disparition en 1922, selon l’imam ratib de Kossi, Mouhamadou Habib Bitèye.

« C’est à Kossi que Baye Niass a mémorisé le Coran auprès de son père qui a formé de nombreux érudits en islam. En 1922, avec sa disparition, Baye Niass poursuivra l’œuvre de son géniteur, sur les recommandations de son grand-frère, Mohamed Khalifa Niass », précise l’imam.

« Il a tenu l’école coranique que leur avait léguée leur père, avant de devenir le maitre suprême de Kossi où il fit la révélation de la Faydatou Tidjania », renseigne l’imam, insistant sur l’amour que Baye Niass avait pour Kossi. Même quand il a déménagé à Kaolack, le fondateur de Médina Baye venait régulièrement à Kossi et ne retournait en ville qu’après la dernière prière du soir.

Il était tout autant engagé, à la suite de son père, pour le développement de la contrée, s’occupant inlassablement des champs de son vénéré père et guide religieux. Ce qui lui donnait aussi l’occasion de réviser, à haute voix, ses cours de Coran et d’enseignement des sciences religieuses, en profitant de la solitude.

Le « Gamouwaate », qui commémore le huitième jour de la naissance du prophète Mohamed (PSL), a été organisé à Kossi Baye Niass pour la première fois en 1929, à l’initiative du fondateur de la Faydatou Tidjania, dont le grand-frère, Mohamed Khalifa Niass, lui avait ordonné de venir s’installer dans ce village, pour y cultiver la terre et enseigner le Coran et la science islamique aux disciples.

La mosquée de Kossi, « un patrimoine religieux historique »

Cette année-là, alors que Baye Niass commémorait cet évènement « dans sa propre chambre où il n’y avait pas plus d’une dizaine de personnes », il avait dit à ses disciples : « Nous sommes ici en petit nombre, mais un jour, notre mouvement va s’éparpiller partout à travers le monde. Ce qui est aujourd’hui une réalité », se réjouit Cheikh Bitèye.

À la disparition d’El Hadji Abdoulaye Niass, Baye Niass, suivant les pas de son vénéré père, s’engagea encore plus dans l’enseignement du Coran, formant pour cela plusieurs « Moukhadam », ces dignitaires habilités à propager le message de la confrérie.

« Il y a des gens qui ignorent la dimension religieuse de Kossi, c’est pourquoi jusqu’à présent, le village est resté dans cette situation. Normalement, de par son importance, il devrait disposer de plusieurs infrastructures routières, en plus du bitumage de l’axe qui va de la route nationale à Kossi », plaide Cheikh Bitèye.

Il affirme que pendant les évènements religieux organisés à Médina Baye, Léona ou Taïba Niassène, les disciples de Baye Niass venant du Nigéria, du Gabon, du Tchad, du Niger, du Mali, des Etats-Unis et d’autres pays du monde, viennent s’abreuver aux sources de Kossi, sur les traces de Cheikh Al Islam El Hadji Ibrahima Niass.

« Malheureusement, il arrive régulièrement que leurs véhicules s’embourbent sur les axes qui mènent au village. Kossi doit pouvoir bénéficier du programme de modernisation des cités religieuses mis en place par les pouvoirs publics. Même pour la mosquée du village, ce sont les populations locales et quelques disciples de Baye Niass qui ont mis la main à la pâte pour sa construction puisqu’elle était dans un état de vétusté inacceptable », signale l’imam Bitèye.

« Cela s’est fait conformément aux recommandations du défunt khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass, qui voulait que cet édifice soit enlevé pour construire à sa place un autre plus moderne », a rappelé l’imam, qui considère cette mosquée comme un « patrimoine religieux historique », pour avoir été érigé par Baye Niass lui-même.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close