Série ports fluviaux – La lente résurrection du port de Ziguinchor [5/5]

Le port de Ziguinchor, au Sénégal, est toujours à la peine après avoir vécu un arrêt complet durant plusieurs mois en raison des troubles politiques de 2023. L’infrastructure est un point clé pour l’exportation des produits agricoles comme l’anacarde. Trois navires ont repris leurs rotations côté embarcadère, mais le port commercial, lui, est toujours à l’arrêt.

Les ferrys Aline-Sitoé-Diatta et Aguene ont repris du service sur la ligne Dakar-Ziguinchor. Le transport de passagers bat son plein. Quelques fruits et légumes locaux sont aussi transportés, mais les conteneurs sont limités. Les gros navires de fret sont toujours bloqués, et cela fait maintenant plus de deux ans. Moctar Dabo, président des dockers du port de Ziguinchor au Sénégal, s’impatiente :

« Jusqu’à nos jours, ça ne marche pas. Il n’y a pas de bateaux au port commercial là-bas. Ce sont spécialement les gros produits, par exemple l’anacarde ou même les autres. Pour le ciment, le fer, le port ne marche pas. Et puis nous, en tant que dockers, on ne compte que sur ces produits. Malheureusement ces produits ne viennent pas ici. »

Le cargo Djilor, qui appartient au Cosama, le consortium sénégalais d’activité maritime, transportait des milliers de tonnes d’anacardes, production centrale dans l’économie de la région. Les exportations se font aujourd’hui par la route. Galaye M’baye est opérateur économique à Ziguinchor, exportateur de noix de cajou. « Il faut que le port soit compétitif, parce que comparé aux camions, ces derniers sont beaucoup moins chers que le port. La seule solution, c’est de trouver d’autres navires », estime l’opérateur. « Par exemple, si on avait quatre à cinq navires qui ont la capacité de prendre 200 à 250 conteneurs par voyage, ça nous arrangerait un peu plus. Cela nous permettrait d’évacuer nos conteneurs le plus rapidement possible », explique-t-il. Car aujourd’hui, détaille-t-il encore, il ne peut pas signer un contrat en juin et exporter en août.

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Les espoirs sont de nouveau permis depuis que le gouvernement a réautorisé en juin l’accostage des navires étrangers au port de Ziguinchor. Il s’agit principalement de navires de pêche. De quoi permettre au port de revivre, selon certains. Le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor, Jean Pascal Ehemba, espère de nouveaux investissements. « Il faut que nous trouvions des navires pour le transport de ces produits-là, et nous voulions quand même essayer de demander à l’État de nous aider pour retenir les jeunes chez nous. On a quand même une terre assez riche et prometteuse en Casamance, mais une fois qu’on a fini de travailler ces terres, il faut évidemment vendre. Il faut des moyens de transport », plaide-t-il.

Le pourrissement des fruits est un problème récurrent en Casamance. La transformation agricole et le stockage de la production font partie des grands chantiers annoncés du gouvernement d’Ousmane Sonko, ancien maire de Ziguinchor.

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