Sénégal: trois ans après la disparition de deux militaires, les familles demandent toujours justice et vérité

La disparition, le 18 novembre 2022, des militaires Didier Badji et Fulbert Sambou, avait secoué le Sénégal. Si le corps de Fulbert Sambou avait été retrouvé quelques jours plus tard en mer, aucune explication officielle n’a été fournie. Presque trois ans après, leurs proches se sont retrouvés, dimanche 16 novembre, pour une messe et une marche en leur hommage, et pour réclamer la vérité. Hasard du calendrier : samedi, à la veille de ce rendez-vous, un homme a été inculpé dans cette affaire.
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Avec notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois
Habillés de t-shirts noirs frappés des mots « Non à l’oubli », les manifestants ne pouvaient cacher leur émotion au moment de quitter l’église où s’est tenue la messe en hommage aux deux disparus, dimanche 16 novembre. Au rythme des chants religieux, ils se sont avancés pour rappeler que la douleur reste intacte, presque trois ans jour pour jour après la disparition de Didier Badji et Fulbert Sambou.
« Vous ne pouvez imaginer la douleur, la souffrance que nous, ses frères, ses enfants, vivent tous les jours, a crié le docteur Alexe Nicodème Tabar, membre du comité de gestion de crise. On n’a pas vu l’État, on n’a vu personne ! Et on nous parle de réconciliation ? Non, non et non ! On ne veut pas de réconciliation sans vérité, sans justice ! »
La veille de cette marche, Jérôme Bandiaky a été inculpé pour l’assassinat des deux hommes. Cet ancien agent de sécurité pour l’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ancien président Macky Sall, était déjà poursuivi dans d’autres dossiers, notamment pour détention illégale d’armes et de munitions, ainsi qu’escroquerie au service.
Cette inculpation est une avancée importante dans l’enquête. Mais familles et organisations de la société civile continuent de demander la pleine lumière sur cette affaire. « C’est un premier pas, mais c’est insuffisant. Cette personne-là, quelle que soit la réputation qu’on lui colle, ne peut pas avoir agir seule, s’agace également Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International Sénégal. Il faut que la justice sénégalaise pousse les enquêtes et nous dise exactement s’il a agi seul ou s’il y a eu des personnes qui étaient derrière lui, des commanditaires. »
Une nouvelle mobilisation est prévue mardi 18 novembre, jour anniversaire de la disparition.
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