Sénégal: premières auditions dans l'enquête sur les violences politiques de 2021-2024

C’est un pas en avant de la justice sénégalaise qui était attendu. Vendredi, les premières auditions dans l’enquête sur les violences politiques entre 2021 et 2024 ont eu lieu, lançant officiellement l’enquête. Parmi les convoqués : Pape Abdoulaye Touré, qui dit avoir été victime de torture. Les enquêteurs vont tenter de faire la lumière sur des faits graves, à commencer par la mort de 80 personnes selon les autorités.
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avec notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois
La procédure est confiée simultanément à la DIC, la Division des investigations criminelles et à la Section de recherches (SR) de la gendarmerie de Colobane.
Les faits visés sont lourds : meurtres, actes de torture, assassinats, voire crimes contre l’humanité. Le dossier avait été déclenché par l’ancien ministre de la Justice du Sénégal, Ousmane Diagne, qui avait saisi le procureur général fin juillet.
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Vendredi matin, Pape Abdoulaye Touré, militant, qui affirme avoir été victime de torture, a été le premier à être entendu à Colobane. Pendant près de cinq heures, il a raconté son histoire. Un grand pas en avant pour son avocat, Me Faty : « Nous sommes très contents d’apprendre que le dossier a été transmis pour qu’une enquête soit ouverte… Les victimes sont rassurées et ont hâte que justice soit faite ! »
Parmi les autres témoins qui parleront à la DIC : Abdoulaye Wade, frère de Cheikh Wade, tué lors d’une manifestation aux Parcelles Assainies, ainsi que Binta Bâ, mère d’Alassane Barry, adolescent tué en mars 2021.
Ces enquêtes étaient réclamées depuis des années par les familles de victimes et la société civile qui demandaient aussi l’abrogation de la loi d’amnistie adoptée dans les tout derniers jours au pouvoir de Macky Sall (2012-2024) qui annule les poursuites pour les actes criminels liés à des manifestations politiques commis entre le 1ᵉʳ février 2021 et le 25 février 2024. Selon un rapport publié en janvier 2025 par l’Université de Stanford et le centre de réflexions sénégalais Africa Jom Center, cette loi viole le droit international et est un déni de justice. Une loi dont le champ d’application a depuis été réduit.
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