Sénégal: nouveau gouvernement avec des changements aux Affaires étrangères, à l'Intérieur et à la Justice

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a formé au soir du samedi 6 septembre un nouveau gouvernement marqué par les départs des ministres de la Justice et de l’Intérieur et la nomination d’un nouveau chef aux Affaires étrangères, selon un décret lu sur la télévision publique.

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Le diplomate Cheikh Niang, ancien ambassadeur aux Nations-unies à New York et dans plusieurs pays, est le nouveau ministre des Affaires étrangères du Sénégal. Il remplace Yassine Fall, nommée ministre de la Justice à la place du magistrat Ousmane Diagne qui dirigeait ce département depuis le premier gouvernement formé en avril 2024. Le nouveau ministre de l’Intérieur est Mouhamadou Bamba Cissé, un avocat du Premier ministre Ousmane Sonko.

« Ce ne sera pas un gouvernement de villégiature, mais un gouvernement d’engagement et de combat. Nous serons intransigeants et très exigeants. (Il faudra) travailler 24h sur 24, sept jours sur sept, compte tenu de la situation dont nous avons hérité », a déclaré le Premier ministre Ousmane Sonko en faisant allusion au passif, selon lui, de l’administration de l’ex-président Macky Sall (2012-2024).

Il a expliqué le changement à la Justice par le souci que ce département « se réconcilie avec les Sénégalais et reconquière (leur) confiance ». Le Premier ministre Sonko et des franges du parti au pouvoir ont ces derniers temps critiqué, notamment les lenteurs, selon eux, dans les enquêtes judiciaires sur les violences ayant fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024 et la gestion antérieure.

Ousmane Sonko reconduit Premier ministre

Ousmane Sonko a été reconduit à son poste de Premier ministre par le président Faye, entré en fonction en avril 2024. Ce dernier l’avait remplacé au pied levé après l’invalidation de sa candidature à la présidentielle de mars 2024. La nouvelle équipe est mise en place alors que le Sénégal est confronté à une situation économique difficile, marquée par un déficit budgétaire de 14% et un encours de la dette publique qui représente 119% du PIB. Le taux de chômage est évalué à 20% alors que la pauvreté atteint 35,7% de la population, selon les chiffres officiels.

Début août, le Premier ministre Sonko avait dévoilé un « plan de redressement économique et social » censé être financé à « 90% » par des ressources internes pour « souverainiser » le pays, qui mène des discussions avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour un nouveau soutien financier. Les nouvelles autorités affirment avoir hérité d’un lourd passif, selon elles, de l’ex-président Macky Sall, accusé d’avoir dissimulé les vrais chiffres sur des indicateurs clés comme la dette publique et le déficit budgétaire.

Les réactions n’ont pas manqué du côté de l’opposition

« Un simple jeu de chaises musicales. Une opération cosmétique sans impact réel », c’est le verdict du porte-parole du parti socialiste Abdoulaye Wilane. Le plus ancien parti politique du Sénégal – renvoyé dans l’opposition après son compagnonnage avec l’ancien président Macky Sall – estime qu’à travers ce remaniement, le pouvoir actuel montre « une incapacité de répondre aux attentes des Sénégalais ».

Thierno Bocoum, président d’Agir, est moins acerbe et dit prendre acte de ces changements, tout en regrettant le nombre encore pléthorique de ministères au moment où on parle de réduction du train de vie de l’État. Il s’inquiète également du limogeage d’Ousmane Diagne, le ministre de la Justice, au profit d’une militante Pastef de la première heure, Yacine Fall, qui était aux Affaires étrangères. « Cette révocation », écrit-il, laisse craindre une volonté de faire « sauter le verrou » d’une justice déjà fragilisée.

Les partisans du pouvoir saluent, au contraire, ce nouveau gouvernement. Malick Gackou, leader du Grand parti y voit « l’espoir d’un Sénégal de souveraineté, de justice et de prospérité partagé ». Ce remaniement intervient, après l’élection d’Abass Fall comme maire de la ville de Dakar. Il était ministre du Travail dans le précédent gouvernement.

Babacar Justin Ndiaye (analyste): «Le gouvernement a été reconfiguré dans un sens politiquement offensif»

Birahim Touré

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