Sénégal: le gouvernement dévoile son plan national censé redresser l’économie

Le gouvernement sénégalais passe à l’action face à la crise économique. Le Premier ministre Ousmane Sonko a présenté vendredi 1er août 2025 à Dakar, aux côtés du président Bassirou Diomaye Faye, un plan national de redressement économique et social. Il s’inscrit dans la stratégie « Sénégal 2050 » des autorités. Ce programme a été adopté le 30 juillet en Conseil des ministres, alors que la dette et le déficit inquiètent les bailleurs.

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Avec notre correspondante à Dakar, Juliette Dubois

C’est au grand théâtre de Dakar, devant un parterre de parlementaires, militants, diplomates et représentants du patronat et des travailleurs, qu’Ousmane Sonko a dévoilé le contenu de ce plan de redressement, destiné à relancer l’économie du Sénégal. Le Premier ministre a d’abord mis l’accent sur la mobilisation de nouvelles ressources. « Nous n’avons pas besoin du FMI », a-t-il affirmé.

Pour redresser l’économie sénégalaise, il mise sur un financement majoritairement endogène avec une batterie de mesures sur trois ans : des taxations renforcées dans de nombreux domaines comme les jeux en ligne, le tabac, le « mobile money ». Les visas deviendront également payants pour les non-Africains. Le chef du gouvernement a aussi évoqué une réduction de la taille de l’État et une meilleure optimisation des dépenses, ou encore un appel public à l’épargne qui a déjà commencé ces derniers mois. Il envisage aussi de céder des parties de certaines anciennes bases militaires françaises pour générer des revenus fonciers, mais il se heurte à un véto des forces armées, pour l’instant. En tout, plus de 6 000 milliards de francs CFA doivent être mobilisés en trois ans, presque sans bailleurs de fonds internationaux.

« Toute la trame de ce plan répond à ce besoin de souverainiser notre pays, insiste le Premier ministre. Depuis que les constats ont été fait après les audits, tout le débat national tournait autour du FMI. « Le FMI n’a pas décaisser », « Est-ce qu’on aura un nouveau programme avec le FMI ? ». Ce que nous présentons aujourd’hui n’attend rien quasiment de personne sinon du peuple sénégalais ».

L’objectif est de financer le grand plan Sénégal 2050 des autorités, avec, en ligne de mire, l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais. Parmi les autres objectifs, le renforcement des services sociaux, la baisse des prix des denrées et le soutien au secteur privé national.

Réduire le déficit sans augmenter la dette

Ousmane Sonko et son ministre de l’Économie l’ont bien rappelé : la situation économique du Sénégal est critique, avec 14 % de déficit, 119 % de dette publique, ainsi qu’une dette cachée par les anciennes autorités de 5 milliards de francs CFA (7,6 millions d’euros environ) découverte fin-2024.

Les marges de manœuvre du gouvernement pour réaliser ses promesses sont extrêmement limitées, et la confiance des bailleurs est au plus bas. La note du Sénégal sur les marchés financiers a plusieurs fois été abaissée ces derniers mois. Donc, il est très difficile de se financer sur les marchés extérieurs. Raison pour laquelle le Premier ministre veut redresser, assainir et mobiliser au maximum les ressources internes.

Objectif annoncé : tomber à 3 % de déficit en 2027 sans aucune augmentation de la dette.

« On a laissé un pays stable économiquement », se défend le camp Macky Sall

Dans son discours, Ousmane Sonko a aussi attaqué frontalement le camp de l’ancien président Macky Sall, accusé d’avoir dissimulé l’ampleur du déficit budgétaire et laissé les finances dans un état critique. Une accusation que rejette Abdou Mbow, député de l’ex-majorité présidentielle : « On ne l’a pas élu pour accuser les gens. On l’a élu avec son président pour qu’il apporte des solutions aux problèmes des Sénégalais et Sénégalaises. On a laissé un pays stable économiquement. »

L’opposant fustige également le contenu du plan de redressement : « Ce n’est pas un plan de redressement. C’est un plan pour encore gruger les Sénégalais. Parce qu’on a parlé que de taxes. Ils vont taxer outrance les jeux de hasard et tout. »

Parmi les mesures annoncées figurent aussi une hausse des allocations familiales et une baisse des prix des denrées de première nécessité pour répondre à l’urgence sociale.

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