Reconnaissance du Somaliland par Israël: «Il s’agit de sécuriser un accès à la mer Rouge et à l'Afrique aussi»

Israël a annoncé le 26 décembre 2025 reconnaître le Somaliland. Pour le chercher Marc Lavergne, les Israéliens veulent « sécuriser un accès à la mer Rouge et à l’Afrique aussi » et « soutenir un pays qui [leur] devra tout », en devenant le premier État à reconnaître cette république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie en 1991.

Publié le :

3 min Temps de lecture

Israël a annoncé vendredi la reconnaissance officielle du Somaliland, une première pour cette république autoproclamée qui a fait sécession de la Somalie, suscitant l’indignation de Mogadiscio qui a dénoncé une « attaque délibérée » envers sa souveraineté.

Des spécialistes régionaux estiment qu’un rapprochement avec le Somaliland, qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 1991, pourrait permettre à Israël de sécuriser un accès à la mer Rouge.

Une analyse en partie partagée par Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique. « Le Somaliland est effectivement aujourd’hui un endroit qui devient un peu stratégique parce qu’on a des inquiétudes autour de la mer Rouge chez les grandes puissances, débute-t-il au micro d’Alexandra Brangeon. Du côté d’Israël également, il y a toujours cette dimension qui consiste à trouver un allié. Or, Israël a toujours considéré que la mer Rouge était un « lac arabe« . Je me souviens d’une époque où il y avait une sorte de désir d’Israël de faire en sorte qu’au moins un segment de la mer Rouge ne soit pas dans la Ligue arabe [ligue fondée en 1945 et qui regroupe 22 États, NDLR]. Donc, il s’agit de sécuriser un accès à la mer Rouge et à l’Afrique aussi ».

Le chercheur ajoute en effet : « Tout le monde veut avoir son accès au continent africain sur la mer Rouge. Donc, on parle de base militaire, mais on parle aussi de sécurisation de tout le trafic pétrolier, de toutes les marchandises qui viennent de Chine, etc. Donc ça, c’est un aspect géopolitique à l’échelle globale. »

À lire aussiIsraël reconnaît officiellement le Somaliland, la Somalie dénonce une «attaque délibérée contre sa souveraineté»

« Desserrer l’étau » et « se projeter plus loin »

Marc Lavergne poursuit : « Et puis il y a une dimension plus régionale aussi, avec Israël qui cherche à desserrer l’étau. Parce que là, ils se sont mis dans une situation où les pays qui avaient une sorte d’accord avec eux – la Jordanie, le Liban, l’Égypte – tout ça est en train d’être mis en péril [suite à la guerre à Gaza, NDLR]. »

Et de conclure : « Il s’agit pour Israël de se projeter plus loin et sans doute de soutenir un pays qui lui devra tout, parce que le Somaliland n’est reconnu par personne. »

À lire aussiUn projet «délirant !»: selon l’agence Associated Press, Israël et les États-Unis envisagent l’exil des Gazaouis en Afrique

L’annonce israélienne a provoqué un concert de condamnations dans la région et jusqu’à un désaccord de Donald Trump.

Le territoire du Somaliland (175 000 km2 soit près du tiers de la France), qui correspond peu ou prou à l’ancienne Somalie britannique, est situé à la pointe nord-ouest de la Somalie. Le Somaliland n’était jusqu’alors reconnu publiquement par aucun pays, ce qui le maintient dans un certain isolement politique et économique malgré sa situation, sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées au monde reliant l’océan Indien au canal de Suez.

 

À écouter aussiGrand reportage – Somaliland : une quête pour la reconnaissance

 

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close