RDC: une rentrée des classes marquée par la crise économique et l’insécurité dans l’est du pays

En RDC, ce lundi 1er septembre marque la rentrée scolaire. Cette dernière est particulière dans l’est du pays, notamment dans les zones sous occupation du groupe armé AFC/M23. Dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, de nombreux parents ont eu du mal à préparer cette rentrée des classes en raison des conditions économiques et sécuritaires. 

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Sur l’artère principale de Bukavu, Juvénal Lushule, père de cinq enfants, marche une liste de fournitures scolaires à la main. « Chaque enfant m’a donné sa liste selon les besoins de son école. Je me suis posé la question : où commencer, comment commencer et où finir. J’ai la volonté d’acheter, mais je n’ai pas d’argent. Les cahiers sont là mais même les vendeurs n’ont pas de clients. Cela touche à la fois les parents et les vendeurs », regrette-t-il.

La situation sécuritaire inquiète, explique Koko Pierre, père de trois enfants. « C’est une année très particulière du fait qu’il y a la guerre. Il y avait des pillages et pas de banques. C’est vraiment pénible. C’est trop difficile pour nous les parents qui faisons étudier nos enfants. Cela ne sera pas facile mais nous espérons que ça va aller », explique-t-il.

Cette situation est difficile, notamment pour les milliers de déplacés du conflit. L’Association nationale des parents d’élèves et d’étudiants a d’ailleurs appelé les autorités à venir en aide aux élèves, notamment en fournitures scolaires. Malgré ce contexte difficile, les écoles de Bukavu assurent être prête, affirme Mugisho Mètre, enseignant dans une école publique de Bukavu. « Je suis déjà prêt à reprendre la craie ce lundi. Pour les enseignants qui ont fui leurs milieux à cause de cette guerre, il faut qu’ils tiennent bon et qu’ils sachent qu’après la pluie, c’est le beau temps. Nous espérons que cette guerre finira et que nous aurons la paix », espère Mugisho Mètre.

Dans un communiqué, le groupe armé AFC/M23 s’est voulu rassurant et a appelé les parents d’élèves à envoyer leurs enfants à l’école ce lundi.

À Lubumbashi, les parents se plaignent aussi de la crise financière

Avec notre correspondante à Lubumbashi, Denise Maheho

Avec la crise, la rentrée des classes est une véritable angoisse pour de nombreux parents. Ludovic est photographe. Ses trois enfants retournent à l’école ce lundi. « Nous nous sommes coupés en morceaux pour que les enfants aillent à l’école. Si vous voyez les parents défiler la veille, cela veut dire que ce n’est pas facile. Sur le marché, il y a une hausse des prix. Les uniformes ou tout ce qui concerne les fournitures scolaires, tout ça coûte cher ! », remarque-t-il. 

D’autres enfants ne reprendront les cours que dans un mois car les parents peinent à réunir le minimum pour les envoyer à l’école. C’est le cas des enfants d’Abiba. « Les enfants n’iront pas à l’école avant le mois d’octobre. Il nous faudra rassembler les moyens financiers nécessaires. Pour l’instant, nous n’avons acheté ni cahiers, ni uniformes, ni même les cartables », précise la mère de famille. 

La gratuité de l’enseignement primaire annoncée il y a quatre ans n’a toujours pas soulagé les ménages, explique Jean-Jacques Mamba, un fonctionnaire de l’État. « Le salaire est devenu trop exigu et il ne vient pas à temps réel. Pour permettre de payer cette rentrée scolaire, la réinscription a été gratuite. Mais il y a des frais qu’il faut payer comme par exemple le frais d’atelier », note-t-il.

Pour cette année scolaire, plus de 29 millions d’élèves retrouvent les bancs de l’école sur l’ensemble du pays, indique le ministère congolais de l’Éducation nationale.

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