RDC: un gouvernement pour verrouiller l’Union sacrée, esquiver le dialogue et gagner du temps?

Selon le président congolais Félix Tshisekedi, le nouveau gouvernement annoncé vendredi 8 août a été réduit en taille et s’est ouvert aux autres forces politiques, notamment l’opposition et la société civile. S’il n’y a pas de changement majeur, la Première ministre Judith Suminwa restant en poste, notamment, ce remaniement s’inscrit dans un contexte plus large : la consolidation de la plateforme politique du président, recherche d’un consensus autour de lui et des institutions de Kinshasa, et, les calculs en attendant de voir l’évolution de la situation politique.

Publié le :

2 min Temps de lecture

On peut identifier aux moins trois logiques dans ce remaniement. La première : c’est le renforcement de l’Union sacrée de la Nation, la plateforme politique de Félix Tshisekedi.

Le président congolais ne s’en cache pas, il l’a déjà répété à ses alliés lors de réunions internes : il rêve d’une plateforme puissante, capable de diriger le pays pendant plusieurs mandats. Il cite même parfois l’exemple de l’ANC en Afrique du Sud. C’est aussi pour cela qu’il veut éviter les frustrations au sein de son regroupement, expliquent certains cadres de l’Union sacrée.

Il a donc veillé à la représentativité des provinces, mais surtout au poids politique de ses alliés, mesuré notamment au nombre d’élus aux élections de 2021.

Un dialogue politique évité

Dans une deuxième logique, Félix Tshisekedi souhaite contourner le dialogue politique national voulu par les Églises catholique et protestante. Ce dernier est également réclamé par l’AFC/M23, Joseph Kabila, Martin Fayulu, Moïse Katumbi et soutenu par des facilitateurs internationaux.

Il ne veut pas de ce dialogue, confirment ses proches : il estime que son issue est incertaine et qu’elle pourrait remettre en cause la légitimité des institutions ou relancer certains opposants.

Ainsi, pour l’éviter, Félix Tshisekedi ouvre le jeu et tente de calmer les frustrations. Des tractations ont eu lieu pendant des mois, sans grand succès.

Il y a eu ensuite un mois de consultations menées par Eberande Kolongele, son conseiller spécial en matière de sécurité. Là encore, sans succès : aucune grande figure de l’opposition ne s’est engagée.

Enfin, des approches discrètes auprès notamment de proches de Martin Fayulu. Là encore, sans résultat : l’opposant exige qu’un dialogue national précède toute participation.

À lire aussiRDC: le gouvernement Suminwa remanié par le président Tshisekedi reçoit un accueil mitigé

Le calendrier et les calculs politiques

Plusieurs ministres et cadres de la majorité voient dans ce remaniement une étape, un gouvernement d’attente. Pourquoi ? Parce que nous sommes en 2025 et que la présidentielle n’est prévue qu’en 2028 : il faut garder des cartes en main d’ici-là.

Autre raison, les négociations de Doha sont toujours en cours entre les autorités congolaises et l’AFC/M23 : difficile de savoir ce qu’elles donneront.

Et si la demande de dialogue portée par l’opposition, les Églises et les facilitateurs s’impose, cela pourrait conduire à un réaménagement profond des institutions, y compris du gouvernement.

À lire aussiRemaniement en RDC: «L’ouverture n’a pas permis d’intégrer l’opposition la plus emblématique du pays»

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to top
Close