
L’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ) a salué, ce vendredi, la décision du gouvernement congolais d’interdire l’exclusion des élèves enceintes des établissements scolaires à travers tout le territoire national. Une décision qualifiée de « courageuse et progressiste » par l’ONG, qui y voit une avancée majeure en matière de justice sociale et de protection des droits des filles.
Dans un communiqué officiel, l’ACAJ rappelle que cette mesure s’inscrit pleinement dans le respect du droit fondamental à l’éducation, consacré par l’article 43 de la Constitution de la RDC, mais aussi par la loi sur la protection de l’enfant, ainsi que par les conventions internationales telles que la Convention relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. « L’éducation de la jeune fille, même enceinte, demeure un droit inaliénable et un impératif de justice sociale qu’il importe de préserver, quel qu’en soit le prix », peut-on lire dans le communiqué.
Une avancée saluée, mais qui exige des mesures concrètes
Si l’interdiction des exclusions pour cause de grossesse représente une avancée significative, l’ACAJ estime qu’elle ne saurait être suffisante sans la mise en place de mécanismes d’accompagnement robustes. L’ONG plaide ainsi pour l’adoption de directives claires et accessibles, applicables à tous les établissements scolaires, publics comme privés.
Parmi les mesures recommandées :
- La formation et la sensibilisation des chefs d’établissement, des enseignants, des élèves et des parents sur les droits des filles et les enjeux liés aux grossesses précoces.
- Le renforcement des services d’accompagnement psycho-social, médical et juridique dans les milieux scolaires.
- L’instauration d’un dispositif de veille et de monitoring pour garantir l’application effective de la mesure et prévenir les discriminations, les représailles ou les sanctions déguisées.
« Aucune fille ne devrait être contrainte à un choix cornélien entre l’école et sa maternité. Une grossesse ne doit jamais être perçue comme une condamnation à l’échec, mais comme une occasion de renforcer notre solidarité envers les filles victimes », insiste l’organisation.
Un enjeu national et régional
La prise de position de l’ACAJ fait suite à la publication, le 12 juillet 2025, d’une note circulaire du Secrétaire général par intérim du ministère de l’Éducation nationale, Alexis Yoka, autorisant la poursuite de la scolarité des élèves enceintes, sans exclusion ni discrimination. Cette décision est une première dans la politique éducative congolaise, longtemps critiquée pour ses lacunes en matière de protection des filles, notamment face aux violences sexuelles et aux grossesses non désirées.
La problématique de l’exclusion des filles enceintes du système éducatif reste un défi majeur en Afrique subsaharienne, où plusieurs pays continuent d’appliquer des politiques punitives. En RDC, les statistiques sur les grossesses précoces en milieu scolaire sont alarmantes : selon l’UNICEF, près de 20 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont déjà mères ou enceintes. Face à ce constat, l’initiative du gouvernement congolais pourrait inspirer d’autres États à revoir leur cadre législatif.
L’ACAJ conclut en appelant à un engagement collectif des autorités publiques, des acteurs éducatifs et de la société civile pour garantir une éducation inclusive et équitable, condition indispensable à l’autonomisation des filles et à la lutte contre les inégalités de genre.