RDC: le président Félix Tshisekedi remanie le gouvernement en y incluant deux opposants modérés

En République démocratique du Congo, le président Félix Tshisekedi a mis fin au suspens en dévoilant, dans la nuit du 7 au 8 août, la composition du nouveau gouvernement dirigé par la Première ministre Judith Suminwa. Cette nouvelle équipe, qu’il voulait remaniée, resserrée et ouverte à d’autres tendances, compte 53 membres, soit le même nombre que dans le précédent exécutif. La grande surprise de cette annonce est le retour d’Adolphe Muzito, ancien Premier ministre sous Joseph Kabila, nommé cette fois au poste de vice-Premier ministre en charge du Budget. Il retourne aux affaires après 13 ans d’absence. 

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En RDC, pas de représentant de l’opposition dite radicale, rapporte notre correspondant à Kinshasa Pascal Mulegwa. Aucun proche de Martin Fayulu. Encore moins de Moïse Katumbi ou de Joseph Kabila dans la nouvelle équipe gouvernementale remaniée par le président, Felix Tshisekedi

En revanche, deux anciens candidats à la présidentielle font leur entrée. L’opposant Adolphe Muzito, qui se considère toujours dans l’opposition, dont les prises de position présageaient d’un rapprochement avec le pouvoir a été nommé au ministère du Budget. Un portefeuille qu’il connaît bien pour l’avoir dirigé entre 2007 et 2008, avant d’accéder à la primature. Ancien inspecteur des finances, sa nomination conforte un profil technocratique assumé.

Autre nomination : celle de Floribert Anzuluni, ex-coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi et candidat malheureux à la présidentielle de 2023, qui prend le ministère de l’Intégration régionale. Guillaume Ngefa-Atondoko, ex-chef des droits de l’homme de l’ONU au Mali, expulsé en 2023, est, lui, nommé ministre de la Justice.

Le gouvernement accueille au ministère de la Jeunesse, Grâce Kutino, une jeune pasteure d’une Église de réveil, dans un exécutif marqué par quelques permutations, mais aussi de nombreuses reconductions.

Pour le reste, le gouvernement n’est pas vraiment réduit : ils sont 53 ministres, contre 54 précédemment. Parmi les maintenus : Doudou Fwamba aux Finances, Thérèse Kayikwamba aux Affaires étrangères, Patrick Muyaya à la Communication, Julien Paluku au Commerce extérieur et tous les vice-Premiers ministres de l’ancien gouvernement. 

Il s’agit de Jacquemain Shabani qui conserve l’Intérieur, Jean-Pierre Bemba reste aux Transports, tout comme les titulaires de La Défense Guy Kabongo et Jean-Pierre Lihau de la Fonction publique.

Réduire les frustrations au sein de la famille politique

On voit un effort pour réduire les frustrations au sein de sa famille politique et tenir compte du poids issu des dernières élections. Par exemple, l’AFDC/A de Modeste Bahati passe de deux à trois ministres. Le MLC conserve son quota avec un vice-Premier ministre, Jean-Pierre Bemba, et une ministre, Ève Bazaiba. L’UNC, elle, n’est pas pleinement satisfaite, mais pas au point de quitter la mouvance présidentielle. 

L’autre lecture est technique : sur le plan économique et financier, les résultats sont jugés plutôt bons, comme le souligne le dernier rapport d’évaluation du programme avec le FMI. S’ajoutent les affaires étrangères et la communication, avec ce que l’entourage de Félix Tshisekedi considère comme des succès remportés dans les sphères d’influence et de décision internationales, notamment dans le bras de fer entre Kinshasa et Kigali. Résultat : la cheffe de la diplomatie, Thérèse Kayikwamba, et le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, sont reconduits. 

Autre élément : l’échec du rapprochement entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu. « Nous avons refusé et dit non par patriotisme et conviction, pas par défi », a déclaré Prince Epenge, de Lamuka, la plateforme de Martin Fayulu. Autre constat : une fracture profonde entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi. 

Enfin, certains ministres joints ce matin estiment que ce gouvernement a un caractère plutôt intérimaire, en attendant peut-être le fameux dialogue politique réclamé par l’opposition, les Églises catholique et protestante, et soutenu par des facilitateurs internationaux. 

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