RDC: le centre Ndaku ya-La vie est belle décentralise l'art pour tous et dénonce la pollution au plastique

En République démocratique du Congo, direction, La vie est belle à Kinshasa. Une résidence artistique en plein cœur de la capitale congolaise où peintres, sculpteurs et musiciens se rencontrent. Le lieu a été impulsé par Eddy Ekete, artiste plasticien connu pour ses performances dans des costumes géants dans les rues de Kinshasa. Reportage Aurélie Bazzara-Kibangula.

De notre correspondante à Kinshasa,

Avec des airs de rumba du groupe Bakolo, le temps s’arrête au centre Ndaku ya-La vie est belle à Matonge. Le groupe d’anciens musiciens y répète toutes les semaines. Le centre culturel est ouvert et accueille tous les artistes. Une résidence conviviale gérée par le sculpteur Eddy Ekete.

« C’est une maison coloniale de la première femme qui a obtenu le permis de conduire dans tout le Congo et elle, elle travaillait avec son mari qui est l’oncle de papa Wemba. C’est pour cela, le film La vie est belle, il y a un petit morceau qui s’est fait ici », raconte Eddy Ekete

Ndaku ya-La vie est belle est un musée à ciel ouvert. Partout sur les murs sont accrochés des toiles, parfois inachevées, de l’artiste Dolet, des dessins d’étudiants, des graffitis. Il y a aussi des dizaines de costumes aux allures de bibendums géants faits de déchets. Ces créations ont fait la réputation d’Eddy Ekete.

« C’est aussi une sculpture et on peut aussi la porter et ça devient une sculpture vivante. Et quand on marche, des fois ça fait peur aux gens parce qu’une statue, quand ça bouge, ça impressionne, ça fait du bruit, raconte-t-il. On se rend compte, c’est la surconsommation de l’Occident qui se contamine aussi ici. Mais on ne se rend pas compte que si on ne travaille pas les déchets, on ne peut pas savoir pourquoi il y a toutes ces maladies, pourquoi il y a tous ces insectes. Parce que la poubelle, c’est un endroit, on vient, on jette seulement et après, on tourne le dos vite. Et maintenant, ce que nous, on fait, c’est que les gens regardent la poubelle », explique Eddy Ekete.

Un espace « focalisé sur la Gombe », où l’art rencontre son public

« Donc là, il y a une multitude de costumes. Il y en a de toutes formes. Il y a des caoutchoucs. Là, il y a les gobelets d’usage unique, là où on vend des boissons fortes. Il y a des claviers d’ordinateur. Voilà, ce sont des trucs qui traînent dans les rues de Kinshasa », détaille l’un des gérants du lieu.

Si le centre veut booster la créativité des artistes, c’est aussi un espace où l’art rencontre son public. « Ici tout est focalisé dans la commune de la Gombe. Du coup, la culture n’est pas décentralisée. Nous, on s’est dit, pourquoi pas avoir une miniature du centre culturel dans la cité ? Les concerts de musique, les spectacles de ballet. Matonge c’est la capitale culturelle », explique Christian Miki Mundiri, membre du collectif.

Le centre Ndaku ya-La vie est belle est ouvert aux enfants. Des ateliers y sont organisés avec les artistes. Pour Eddy Ekete, l’important, c’est de transmettre le gout de la création aux futures générations : « Moi, je leur fournis des feutres, des crayons de couleur, des feuilles, mais par terre. Et ça, c’est pour montrer et aux parents et aux autorités, les enfants, là, ils ont besoin de quelque chose parce qu’ils sont concentrés. On garde les enfants des heures et des heures, sans faire du bruit, sans qu’on leur dise quoi que ce soit. Mais je suis sûr puisqu’en fait, c’est quand même la génération qui va nous remplacer. »

À Matonge, les différentes générations se côtoient entre musique et art plastique, signant un passage de témoin pour les créateurs de Ndaku Ya-La vie est belle pour continuer d’alerter sur les dangers des déchets en ville.

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