RDC: l'armée emploie la méthode forte en Ituri après l'échec des dialogues avec les milices

Depuis mercredi 13 août, plusieurs sources locales rapportent des tirs nourris, des pillages et des mouvements massifs de population à Lopa et autour. Jeudi 14 août, au moins huit corps ont été inhumés, selon des habitants revenus dans ces localités à une quarantaine de kilomètres au nord de Bunia, chef-lieu de l’Ituri. L’armée, qui y mène une bataille contre le groupe armé CRP, mené par Thomas Lubanga, est accusée de tirer indistinctement sur des personnes présentées comme miliciennes.
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Depuis mercredi 13 août, une grande partie de la population locale, majoritairement Hema, continue de fuir vers Bunia, la capitale provinciale. Des tirs résonnaient encore jusqu’à 22 heures.
À Lopa, l’armée congolaise affirme avoir réagi à une attaque de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP), un groupe armé sous la direction de Thomas Lubanga, premier condamné de l’histpoire de la Cour pénale internationale en 2012, et aujourd’hui basé en Ouganda. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) considèrent ce groupe comme le plus hostile aux processus de paix.
Au lendemain matin, ce jeudi 14 août, plus aucun milicien n’était visible, mais l’armée ne donne pas de bilan et rejette les accusations de tirs sur des civils ou de pillages.
Sur le terrain, la situation reste complexe. L’armée parle d’une guerre asymétrique, car selon les FARDC, Thomas Lubanga aurait recruté dans ses anciens réseaux : d’anciens miliciens du mouvement UPC et des membres de micro-groupes d’autodéfense. Résultat : le groupe a vite pris le contrôle de certaines positions proches de Bunia, comme à Iga-Barrière, il y a une dizaine de jours, avant d’en être chassé par l’armée.
Selon l’armée, cette configuration rend parfois difficile la distinction entre civils et combattants. D’autant que, selon elle, la communauté ne dénonce toujours pas les siens et accuse les FARDC de prendre parti contre les Hema.
Autre facteur de tension : l’activisme de la milice nommée Coopérative pour le développement du Congo (Codeco). Dans cette région, les affrontements sont fréquents entre le groupe armé Codeco, composé essentiellement des membres de la communauté Lendu, et les groupes Hema. Il y a trois jours, un agriculteur Hema a été tué par la Codeco, et la CRP a riposté, entraînant tueries et pillages, selon l’armée.
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Reprise de la violence et méthode forte de l’armée après l’échec des négociations
Dans ce contexte, après quelques tentatives de dialogue, la violence a repris.
L’armée, elle, semble avoir choisi la méthode forte. Depuis juillet, les opérations militaires ont changé d’ampleur, après l’échec des dialogues appelés « Aru 1 » et « Aru 2 ». Cela coïncide avec l’arrivée du général de brigade Bruno Mandevu, nouveau commandant du secteur opérationnel des FARDC en Ituri.
La semaine dernière, le général Mandevu a été clair : toute milice qui refusera de déposer les armes sera traquée, sans distinction.
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