RDC: la présence de l'AFC/M23 à Uvira au Sud-Kivu a provoqué la fuite de nombreux civils

Dans l’est de la République démocratique du Congo, la récente prise d’Uvira par le M23 a provoqué d’importants déplacements de population. Si les combats n’ont pas eu lieu dans la ville même, ils se déroulent encore dans d’autres endroits du Sud-Kivu, poussant des civils à fuir. Avant la fermeture de la frontière burundaise la semaine dernière pour des raisons sécuritaires, de nombreux Congolais ont trouvé refuge au Burundi, où ils sont aujourd’hui accueillis dans des sites de transit saturés. Christina Okello. 

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Ils ont fui à pied, parfois de nuit, en laissant derrière eux maisons, champs et bétail. Début décembre, des familles entières quittent l’est de la RDC pour échapper aux combats entre l’AFC/M23 et l’armée congolaise. Avant la fermeture de la frontière burundaise, plusieurs milliers de Congolais traversent vers le Burundi, notamment par le poste de Gatumba. Les autorités mettent en place des sites de transit pour les accueillir.

Mais sur place, les conditions sont très difficiles. D’après des témoignages, des dizaines de milliers de familles sont regroupées dans ces sites temporaires, souvent sans abris suffisants, sans eau potable ni nourriture en quantité suffisante. Le principal camp de réfugiés, situé sur une colline entourée de plantations de thé et soutenu par des ONG, n’accueille qu’environ un millier de personnes. Il est déjà saturé. Beaucoup de déplacés restent donc dans l’attente d’un transfert.

Parmi eux, Shukuru Rukara Divin. Originaire de la plaine de la Ruzizi, il a fui les combats avec toute sa famille. Il raconte à Christina Okello de RFI pourquoi il a dû partir, le long périple à pied jusqu’au Burundi, et la vie aujourd’hui dans des conditions extrêmement précaires. Il témoigne.

RFI : Pourquoi avez-vous décidé de partir ? Qu’est-ce qui se passait chez vous, à ce moment-là ?

Shukuru Rukara Divin : « Personnellement, je suis parti avec toute ma famille, sans exception : ma femme, mes enfants et même mes parents. Chez nous, il y avait des bombes, il y avait des balles qui arrivaient de partout. On voyait déjà des morts, dans différents quartiers, à différents endroits. Parfois, les gens fuyaient et tombaient dans des embuscades, sur des bombes et des tirs. En voyant tout cela, nous n’avions plus le choix. Nous étions obligés de quitter notre milieu pour éviter la mort ».

Vous êtes partis avec toute votre famille. Comment s’est déroulé ce voyage jusqu’au Burundi ?

« Le voyage a été vraiment très compliqué. Il était long et très difficile. Nous avons quitté Luvungi vers Sange pour aller vers le Burundi, à pied. Imaginez faire tout ce trajet à pied. Il n’y avait pas moyen de prendre une moto, ni un véhicule. En chemin, il y avait des pertes, même des enfants. À ce moment-là, la frontière était encore ouverte. Mais aujourd’hui, elle a été fermée pour des raisons de sécurité ».

Aujourd’hui, comment se passe votre quotidien ici ?

« Aujourd’hui, les conditions que nous traversons sont très compliquées. D’abord, il n’y a pas d’abris. Nous n’avons pas de maisons, nous dormons dehors, dans une parcelle non clôturée. Il y a de l’insécurité, des problèmes de santé. Il n’y a pas de toilettes, pas d’eau potable. Nous sommes exposés aux maladies. Même trouver à manger est un problème. Les conditions de vie, sur le plan social et économique, sont vraiment très difficiles pour nous ».

Combien êtes-vous environ aujourd’hui, et qu’attendez-vous ?

« Nous sommes plus de 6 000 personnes, c’est beaucoup. Nous remercions le gouvernement du Burundi qui nous a accueillis sans condition, sans problème. Et nous sollicitons que les aides humanitaires nous parviennent, afin que nous puissions trouver de quoi vivre, de quoi manger. Nous demandons de l’aide pour garder l’espoir de vivre encore ».

Sur le plan sécuritaire, l’AFC-M23 annonce qu’elle va se retirer d’Uvira. Les autorités provinciales du Sud-Kivu dénoncent un retrait « en trompe-l’œil ». Si le calme est revenu dans la ville, les combats se poursuivent ailleurs dans la province, prolongeant l’exode des civils.

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