RDC: François Beya, ex-conseiller de Tshisekedi et figure du renseignement, définitivement acquitté

En République démocratique du Congo, la Haute Cour militaire a rendu son arrêt dans le procès de François Beya. L’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi était poursuivi notamment pour complot contre la vie du chef de l’État et incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline. Arrêté le 5 février 2022, il avait passé sept mois en détention avant d’obtenir une liberté provisoire pour raisons médicales. Il a été acquitté ce jeudi 21 août.
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François Beya, l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi a été acquitté. Ce verdict est tombé au terme de trois ans d’un procès à huis clos et à rebondissements. Le procureur militaire s’était déjà montré clément en proposant la peine d’un an de prison dont la moitié avec sursis.
Les collaborateurs et co-accusés de François Beya ont aussi été acquittés, à l’exception de deux officiers supérieurs qui ont écopé de 17 mois de prison pour violation des consignes, des peines déjà purgées.
François Beya faisait profil bas depuis sa remise en liberté provisoire en août 2022, suivie de son évacuation en France.
À l’annonce du verdict, ses avocats se sont gardés de tout triomphalisme et n’ont livré aucun commentaire aux médias, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa.
Une « juxtaposition de faits isolés et sortis de leur contexte »
Les juges ont acquitté l’ancien conseiller spécial du chef de l’État de toutes les charges. Selon la cour, l’accusation reposait sur une « juxtaposition de faits isolés et sortis de leur contexte ».
Une thèse défendue depuis le début par son avocat, Me Jeannot Bukoko, qui affirmait que son client n’était pas l’instigateur d’un complot contre le président et que c’était plutôt lui la victime de complot.
Le ministère public soutenait que François Beya avait participé à une machination visant à attenter à la vie du président Félix Tshisekedi. Le procureur s’appuyait sur des enregistrements audio de conversations avec ses collaborateurs et sur des témoignages rapportant ses critiques contre le chef de l’État. Mais les juges ont rejeté l’ensemble de ces éléments, les estimant non probants.
Cette décision conforte les critiques de l’opposant Claudel Lubaya, proche de François Beya, qui depuis le début, dénonçait des accusations « farfelues, infondées et injustifiées », montées, rappelle-t-il aujourd’hui, « par des officines de la haine dans le seul but de porter atteinte à la dignité et à la carrière d’un homme ». Selon lui, ce procès illustre « la légèreté avec laquelle les affaires sensibles de l’État sont traitées au plus haut niveau ».
François Beya, un maillon essentiel de l’appareil sécuritaire
Voir le tout-puissant François Beya, d’abord arrêté, détenu, puis jugé, filmé dans des procès retransmis à la télévision… l’affaire avait fait grand bruit. Il faut dire que l’homme était considéré comme un maillon essentiel de l’appareil sécuritaire congolais.
François Beya, c’était une mémoire sécuritaire. L’homme des contacts, une courroie de transmission, le cerveau discret qui faisait le pont entre le système Kabila et la nouvelle administration Tshisekedi.
Le lendemain de son arrestation, des manifestations avaient éclaté devant le siège de l’UDPS. Les membres du parti présidentiel disaient protester contre ce qu’ils présentaient comme une tentative de coup d’État.
La présidence elle-même avait communiqué dans le même sens, affirmant que des indices sérieux attestaient d’agissements contre la sécurité nationale.
Un procès ouvert en 2022
En juin 2022, le procès s’ouvre. François Beya et ses collaborateurs sont poursuivis pour avoir, entre 2020 et février 2022, participé, à un « complot visant à attenter à la vie du président de la République ».
Très vite, une bataille juridique s’installe. La défense récuse la Haute Cour militaire, qu’elle appelle à se déclarer incompétente. En juillet de la même année, les avocats de François Beya se retirent du procès, dénonçant une justice partiale. En coulisses, les tractations s’accélèrent.
En août 2022, François Beya quitte Kinshasa. Il embarque pour l’Europe, bénéficiaire d’une liberté provisoire. Et aujourd’hui, il est acquitté. Pour certains proches de Félix Tshisekedi, ce n’est pas encore un retour en grâce, mais plusieurs sources affirment qu’il aurait montré une certaine fidélité, malgré sa situation. Le pouvoir lui aurait même demandé de rentrer au pays, en lui garantissant qu’il n’avait rien à craindre.
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