RDC: à Uvira, journées «ville morte» et fortes tensions entre l'armée congolaise et ses supplétifs wazalendo

Depuis mardi 2 septembre, la deuxième ville de la province du Sud-Kivu est le théâtre d’un nouveau raidissement des relations entre l’armée congolaise et les groupes armés censés l’appuyer dans sa lutte contre l’AFC/M23. En cause, la présence en ville d’un militaire haut-gradé très critiqué par les combattants wazalendo.
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Alors que les combats entre les Forces armées de RDC (FARDC) et l’AFC/M23 se poursuivent sans relâche dans l’est du pays face au piétinement des négociations de paix, à Uvira, la deuxième ville du Sud-Kivu devenue capitale provinciale depuis la prise de Bukavu par le mouvement rebelle en février dernier, les relations se tendent entre l’armée et ses supplétifs locaux, les groupes armés wazalendo.
Depuis mardi 2 septembre en effet, ces derniers organisent, avec le soutien des acteurs de la société civile, des journées « ville morte » qui paralysent la cité pour protester contre la présence d’un haut gradé de l’armée congolaise, le général Olivier Gasita Mukunda, commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire des FARDC.
Tout a commencé en début de semaine avec une vidéo tournée par John Makanaki, l’un des généraux auto-proclamés des wazalendo, dans laquelle celui-ci affirme ne pas dépendre de l’armée régulière et rejette les processus de paix de Doha et de Washington qu’il qualifie de « commerce ».
Aucun compromis en vue à ce stade
Le message est directement adressé au général Gasita Mukunda, un officier issu de la communauté banyamulenge, qui fait l’objet de critiques de plus en plus nombreuses chez les wazalendo. Si certains lui reprochent – ainsi qu’à d’autres responsables militaires – de n’avoir pas su mettre fin à l’avancée de l’AFC/M23, d’autres n’hésitent pas à s’en prendre à son appartenance communautaire.
Depuis, la colère ne retombe pas sur le terrain, l’armée ayant par ailleurs apporté son soutien au général Gasita Mukunda.
Ce samedi 6 septembre, une cinquième journée « ville morte » a paralysé la cité. Commerces fermés, rues désertes… cette nouvelle journée ville morte a été très suivie à Uvira. Vendredi soir, des tirs d’armes lourdes et légères ont été entendus. Des tirs des wazalendos qui manifestaient ainsi leur colère. Un obus tombé dans une maison a causé la mort d’un garçon de huit ans à Kalundu.
Face à cette tension, l’armée tente de calmer les esprits. Elle assure qu’une enquête est en cours sur tous les officiers présents dans l’Est au moment de la chute de villes comme Goma et Bukavu. Plusieurs officiers ont été rappelés à Kinshasa et interrogés. Résultat : aucun reproche n’a été formulé contre le général Olivier Gasita. Il a donc repris ses fonctions. À ceux qui critiquent son appartenance à la communauté Banyamulenge, l’armée répond : « il n’y a pas de militaires communautaires ». Elle réaffirme son soutien total au général Gasita.
Sur place, à Uvira, les réunions se multiplient. Objectif : désamorcer la crise et permettre au général Gasita de travailler sereinement.
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