Présidentielle au Cameroun: le financement public des candidats jugé «dérisoire»

Au Cameroun, les candidats à l’élection présidentielle ont commencé à recevoir, lundi 29 septembre, la première tranche du financement public de leur campagne. Chacun des postulants bénéficie de 15 millions de francs CFA (environ 23 000 euros). Une deuxième tranche, pouvant atteindre 15 millions supplémentaires, sera versée après le scrutin du 12 octobre, à condition que les candidats recueillent au moins 5 % des suffrages.
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Avec notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba
Au Cameroun, c’est un coup de pouce bienvenu pour l’opposition, même si beaucoup dénoncent la modicité de l’enveloppe allouée et le manque de transparence qui entoure le financement des campagnes pour l’élection présidentielle du 12 octobre.
Pour Hilaire Macaire Nzipang, recalé par le Conseil constitutionnel et récemment rallié à Tomaïno Ndam Njoya (candidate de l’UDC), les montants alloués par l’État aux candidats sont insuffisants au regard de l’ensemble des tâches à couvrir.
« Nous ne pouvons que constater que cette somme-là est dérisoire ! Parce que, voyez-vous : les candidats payent 30 millions de cautions et reçoivent 15 millions pour la campagne pour couvrir à peu près 16 grandes villes sur l’ensemble du territoire, de convaincre 8 millions d’inscrits sur les listes électorales, de contrôler 31 mille bureaux de vote. Vous pouvez imaginer que la tâche est extrêmement difficile à retourner si vous n’avez pas vos propres fonds », déclare-t-il.
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Des financements privés hors de contrôle
Si chacun des candidats a reçu 15 millions de francs CFA (environ 23 000 euros), par souci d’équité, le politologue Njoya Moussa pointe, pour sa part, des modes de financement incontrôlés – autre que les fonds publics – et qui profitent essentiellement au candidat du pouvoir. « L’asymétrie totale, entre d’une part le parti au pouvoir, le RDPC, et d’autre part les partis d’opposition, se fait au niveau des financements privés, notamment les contributions des particuliers », explique-t-il.
« Et là, il se pose un problème fondamental. Parce que vous voyez des élus locaux, les hauts fonctionnaires et quelques hommes d’affaires, contribuer avec des montants faramineux de 20 millions, qui 50 millions et certains 100 ou 200 millions au profit du RDPC, du parti au pouvoir. Il se pose donc le problème de la traçabilité de ces fonds ».
En guise de proposition, le politologue propose le plafonnement des contributions, qu’elles viennent du public comme du privé, mais aussi le plafonnement des dépenses de campagne, pour tous les candidats.



