Présidentielle au Cameroun: coup d'envoi de la dernière ligne droite de campagne

Ouverture ce lundi de la deuxième et dernière semaine de campagne avant le scrutin présidentiel du 12 octobre au Cameroun. Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat consécutif après 43 ans au pouvoir. Face à lui, sur les bulletins, onze candidats dont deux ont apporté leur soutien à l’ancien ministre Bello Bouba Maïgari.
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Ce dimanche, le candidat Issa Tchiroma Bakary – allié d’hier de Paul Biya qui, avec Bello Bouba Maïgari, a quitté le gouvernement il y a quelques mois pour se lancer dans la course – était en meeting à Douala, la capitale économique du Cameroun. Joshua Osih était dans la région Nord et Cabral Libii dans l’Extrême-Nord, détaille notre envoyée spéciale à Yaoundé, Amélie Tulet. Pour les uns et les autres, il reste six jours pour sillonner le pays.
C’est aussi la dernière ligne droite pour le parti présidentiel. Le RDPC continue de faire campagne pour son candidat, sans sa présence physique jusqu’à maintenant. Paul Biya fera-t-il une apparition publique dans un événement du parti avant le jour du scrutin ? Oui, répondent plusieurs communicants du RDPC. Maroua dans l’Extrême-Nord est présentée comme la destination souhaitée. Les Camerounais n’ont pas entendu le chef de l’État s’adresser à eux depuis le discours du 10 février pour la fête de la Jeunesse.
Dernière ligne droite, enfin, sur le plan logistique pour déployer le matériel et le personnel d’Elecam (Elections Cameroon), déployer aussi les relais des partis et de la société civile qui veulent surveiller le vote. Elecam, l’organe en charge du scrutin, a annoncé le 3 septembre avoir transmis localement « pour affichage » « la liste des bureaux de vote par commune ainsi que la répartition des électeurs au sein de chaque bureau », et est en train de publier sur sa page Facebook la liste des bureaux par région.
À titre indicatif, Elecam indiquait au 31 décembre 2024 sur son site internet 30 357 bureaux de vote sur le territoire national et dans les 44 missions diplomatiques et postes consulaires.
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Le parti SDF pointait ces derniers jours des dysfonctionnements chez Elecam. Le parti de Joshua Osih affirmait que l’institution n’avait toujours pas rendu publics ni le fichier électoral actualisé ni la liste complète des bureaux de vote à travers le territoire. « Nous avons la liste qui date de décembre 2024, mais nous savons que dans l’actualité – quand je parle d’actualité, c’est ce mois d’octobre – Elecam a créé de nouveaux bureaux de vote, ce qui est de nature à modifier les résultats des votes sur le terrain, affirmait Louis Marie Kakdeu, directeur de campagne de Joshua Osih, au micro de Sidy Yansané. Et donc, nous avons jusqu’à demain pour désigner nos représentants dans tous les bureaux de vote. Mais si nous ne connaissons pas les nouveaux bureaux de vote créés, il nous sera difficile de sécuriser le vote partout. C’est pour ça que, depuis trois jours, nous demandons à Elecam de nous fournir ces listes, en vain. Et, aujourd’hui, nous avons décidé de communiquer dessus. C’est vrai que les lignes sont déjà en train de bouger. La situation reste celle-là. Nous avons l’information selon laquelle ces listes ne pouvaient être en ligne que d’ici mardi. Or, mardi, ça fait déjà tard, ce qui est un biais dans le processus électoral ».
Présidentielle au Cameroun: un leader séparatiste exilé appelle à la suspension momentanée des opérations «villes mortes» dans les régions anglophones
Un leader séparatiste anglophone, exilé aux États-Unis, a annoncé le 5 octobre la suspension momentanée – du 06 au 14 octobre – des opérations « villes mortes » qui ont court dans les régions d’expression anglaise du pays . Une annonce, a-t-il justifié, qui faisait suite aux excuses formulées le même jour par Issa Tchiroma Bakary aux populations anglophones dans la ville de Bamenda où il était en campagne pour l’élection présidentielle, rapporte notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba.
C’est depuis le toit de sa voiture sur les routes de Bamenda, qu’Issa Tchiroma Bakary a improvisé cette séquence. « Je demande pardon pour avoir, du temps où j’étais ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, nié l’existence d’un problème anglophone dans ce pays », a-t-il déclaré, en anglais, promettant de libérer tous les leaders séparatistes incarcérés. « Me pardonnez-vous ? » a-t-il ensuite demandé, à trois reprises, récoltant à chaque fois un grand « oui ».
Peu avant cette sortie, Anicet Ekane, le président du Manidem et l’un des principaux soutiens d’Issa Tchiroma, avait appelé à un cessez-le-feu dans ces régions anglophones en crise pour permettre aux populations qui y vivent de pouvoir voter en toute sécurité.
Durant la même journée de samedi, Mark Bareta, un des leaders séparatistes annonçait donc cette trêve d’une semaine dans les opérations « villes mortes » qui y sont imposées depuis 3 semaines.
À Bamenda comme à Buea, deux des principales villes anglophones, beaucoup ont dit leurs espoirs après ces annonces.
D’autres se sont montrés plus circonspects, se demandant notamment de quelle autorité ou légitimité peut se prévaloir Mark Bareta, dans un environnement, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest où essaiment de nombreux groupes armés. Auréole Tchoumi, un des communicants du parti présidentiel, a lui qualifié les excuses d’Issa Tchiroma « d’opportunistes avec des visées électoralistes ».



