Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara officialise sa candidature

Alassane Ouattara, Président ivoirien
Alassane Ouattara, Président ivoirien

C’est désormais officiel : à 83 ans, le Président ivoirien, Alassane Ouattara, briguera un quatrième mandat à la tête de la République de Côte d’Ivoire. L’annonce a été faite ce mardi 29 juillet dans une allocution télévisée très attendue, mettant fin à des mois de spéculations au sein de la classe politique et de l’opinion publique.

Le chef de l’État sortant, au pouvoir depuis 2011, s’est dit animé par le devoir de garantir la stabilité et la prospérité de son pays : « Je suis candidat, parce que je veux que notre chère Côte d’Ivoire continue de demeurer un pays prospère, en paix et en sécurité », a-t-il déclaré.

Une candidature orchestrée par le RHDP

Cette annonce, bien que tardive, ne surprend guère. Depuis plusieurs mois, les cadres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), son parti, multipliaient les appels à sa candidature, lors de meetings à grand renfort de slogans sur la paix, la croissance et la sécurité. Le 29 juin dernier, en son absence, le congrès extraordinaire du RHDP avait adopté à l’unanimité une motion le désignant candidat, le présentant comme l’ultime garant de la stabilité sous-régionale dans un contexte marqué par les crises sécuritaires au Sahel et les incertitudes politiques en Afrique de l’Ouest.

« Le Président Ouattara est notre bouclier, notre visionnaire, l’homme qui a transformé la Côte d’Ivoire », avait déclaré à cette occasion Gilbert Koné Kafana, président du directoire du RHDP. En réalité, tout semblait mis en place pour un retour en scène du chef de l’État.

Une annonce qui ravive les tensions sur la légitimité institutionnelle

Mais cette déclaration suscite déjà une vive controverse. En effet, Alassane Ouattara en est à son troisième mandat consécutif, obtenu en 2020 après une révision constitutionnelle de 2016 sur laquelle il avait fondé la légalité de sa nouvelle candidature, déclenchant une crise politique majeure. À l’époque, son revirement – après avoir annoncé ne pas se représenter – à la suite du décès brutal de son dauphin Amadou Gon Coulibaly avait été dénoncé comme un passage en force, illégitime au regard de l’esprit de la Constitution.

Son élection avait alors été boycottée par l’opposition, qui avait mis en place un éphémère Conseil national de transition sous la houlette de feu Henri Konan Bédié. La répression avait été sévère : plus de 80 morts et plusieurs centaines de blessés, des arrestations massives, et une fracture politique profonde. Cette nouvelle candidature, qualifiée de « provocation » par certains opposants, pourrait donc rouvrir une page douloureuse de l’histoire électorale récente du pays.

Une opposition affaiblie et fragmentée

Autre fait marquant : les principaux rivaux potentiels sont aujourd’hui hors course. Tidjane Thiam, fraîchement élu président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) après le décès d’Henri Konan Bédié, est radié des listes électorales, tout comme l’ancien président Laurent Gbagbo, figure historique de la gauche ivoirienne. Tous deux ont engagé un bras de fer judiciaire pour obtenir leur réintégration, mais à ce jour, leur participation reste improbable.

Cela laisse le champ relativement libre à Ouattara, même si plusieurs figures de l’opposition s’apprêtent à entrer dans l’arène, sous réserve d’obtenir les parrainages nécessaires : Simone Ehivet Gbagbo, ex-première dame et présidente du MGC, Pascal Affi N’Guessan, chef du FPI légal, ou encore Jean-Louis Billon, député et ancien ministre.

Dans les coulisses, des tractations s’intensifient pour tenter de construire un front commun de l’opposition, mais les divisions héritées des crises passées, les défis d’organisation et la pression exercée par les autorités rendent cet objectif incertain à trois mois du scrutin.

Un enjeu crucial : la stabilité

Au-delà du débat sur la légitimité de cette nouvelle candidature, l’annonce du Président sortant intervient dans un contexte régional tendu, où les transitions militaires se multiplient (Mali, Burkina Faso, Niger), et où les mécanismes démocratiques sont mis à rude épreuve. La Côte d’Ivoire apparaît comme un pôle de stabilité relatif dans cette région ouest-africaine fragilisée.

C’est d’ailleurs un des axes majeurs du discours d’Alassane Ouattara : mettre en avant sa stature d’homme d’expérience, de garant de l’unité nationale, et de rempart contre le désordre ambiant. « Ma santé me le permet, ma conscience me l’impose », a-t-il insisté dans son allocution. Un message destiné à rassurer l’électorat, mais qui ne suffira pas à éteindre les critiques sur la dérive autoritaire présumée du régime.

Enjeux à venir

Le dépôt des candidatures s’achève fin août. Le premier tour est fixé au 25 octobre 2025. À trois mois de l’échéance, la configuration politique du pays reste incertaine. La question de l’inclusivité du scrutin sera centrale : la Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel seront scrutés de près dans leur gestion des contentieux à venir, notamment ceux relatifs aux radiations électorales controversées.

Si Ouattara part favori en l’absence de ses adversaires les plus redoutés, le climat social et politique demeure fragile. Une mobilisation populaire ou des tensions localisées ne sont pas à exclure, à l’image des manifestations massives de 2020. Dans les chancelleries, on suit de près l’évolution de la situation, soucieux d’éviter un nouveau cycle de violence.

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