Présidentielle 2025 au Cameroun : 81 candidatures déposées, Paul Biya face à une opposition fragmentée

Paul Biya
Le Président du Cameroun, Paul Biya

À moins de trois mois de l’échéance présidentielle au Cameroun, le pays entre dans une période de turbulences politiques intenses. Une multitude de candidatures inattendues, une opposition morcelée et le retour annoncé de figures anciennes donnent le ton d’un scrutin hors norme. Tandis que le président Paul Biya se présente une fois de plus, malgré son âge avancé, la diversité des profils en lice soulève autant d’espoirs que d’incertitudes quant à l’issue réelle d’une élection jugée décisive pour l’avenir du pays.

Alors que le Cameroun se prépare pour une nouvelle élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le paysage politique connaît une effervescence inédite. La Commission électorale nationale indépendante (Elecam) a annoncé, lundi 21 juillet à minuit, la clôture de la phase de dépôt des candidatures. Un chiffre record : 81 dossiers ont été enregistrés, marquant une participation jamais vue dans l’histoire électorale du pays.

Paul Biya, candidat pour un huitième mandat

Au cœur de cette agitation politique, le Président sortant Paul Biya, 92 ans, a officiellement déposé sa candidature pour un huitième mandat sous la bannière du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Fort de plus de 40 années au pouvoir, le chef de l’État camerounais, qui règne sans partage depuis 1982, semble décidé à conserver les rênes du pays malgré son âge avancé et des critiques croissantes sur l’état de la démocratie au Cameroun. Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle candidature de Biya soulève des interrogations sur la capacité réelle du Président à gouverner le pays.

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Face à Paul Biya, plusieurs figures connues de l’opposition ont également déposé leur dossier. Parmi elles, Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), qui fut le principal challenger de Biya lors de la Présidentielle de 2018. Cependant, selon certaines sources locales, sa candidature pourrait être compromise. En effet, un autre prétendant issu du même parti – ou s’en réclamant – aurait également soumis un dossier, ce qui pourrait créer une confusion juridique et politique. Une stratégie interprétée par certains analystes comme une tentative de division orchestrée.

Explosion de candidatures : choix démocratique ou une stratégie politique ?

Cabral Libii, leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), revient aussi pour une seconde participation. Lui aussi pourrait être fragilisé par une possible candidature concurrente au sein de son propre camp. Joshua Osih, du Social Democratic Front (SDF), tente une nouvelle fois de faire entendre sa voix. Le parti historique de l’opposition, en perte de vitesse ces dernières années, cherche à se repositionner dans un contexte électoral brouillé.

Avec 81 candidatures enregistrées, la Présidentielle de 2025 entre dans les annales comme l’élection ayant attiré le plus grand nombre de prétendants au poste suprême. Un record qui interroge. Parmi les candidatures les plus commentées, celle de Daloutou Hamada, un jeune ressortissant de la région de l’Adamaoua âgé de 31 ans, suscite curiosité et interrogations. Or, selon la Constitution camerounaise, l’âge minimum pour se porter candidat à la magistrature suprême est de 35 ans.

Candidatures insolites, figures émergentes et… historiques

Ce dossier pourrait donc être rapidement invalidé par le Conseil constitutionnel. De nouveaux visages tentent malgré tout de se faire une place dans l’arène politique. Hilaire Macaire Nzipang, investi par le Mouvement progressiste, ou encore Pierre Kwemo, leader de l’Union des mouvements socialistes, incarnent une génération politique moins connue du grand public, mais qui entend capitaliser sur la lassitude vis-à-vis des partis traditionnels. Autre fait marquant : le retour sur la scène présidentielle de Bello Bouba Maïgari.

Ancien Premier ministre et leader de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), il avait soutenu le régime Biya pendant de longues années. Sa décision de revenir en solo dans la course électorale, après s’être distancé du pouvoir, est perçue comme un virage stratégique important. Il avait déjà été candidat en 1992. Le Manidem, quant à lui, mise sur Dieudonné Yebga pour porter ses couleurs, tandis que l’Union des Populations du Cameroun (UPC), l’un des plus anciens partis politiques du pays, aligne pas moins de trois candidats.

Une présence féminine encore timide

Sur les 81 candidats, quelques femmes seulement ont déposé leur dossier. L’une des plus remarquées est Tomaïno Ndam Njoya, maire de Foumban et présidente de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC). Elle tente de perpétuer l’héritage politique de son défunt mari, Adamou Ndam Njoya, figure respectée du paysage politique camerounais. Malgré leur faible nombre, ces candidatures féminines contribuent à diversifier l’offre politique et à faire entendre une voix encore trop marginalisée dans les sphères du pouvoir.

La prochaine étape importante sera l’examen des dossiers par le Conseil constitutionnel. Celui-ci dispose d’un délai de 12 jours pour valider ou rejeter les candidatures, avant de publier la liste officielle des postulants retenus. Ce filtrage devrait considérablement réduire le nombre de candidats. L’épreuve de la légalité, de la régularité des parrainages et du respect des conditions constitutionnelles (comme l’âge) jouera un rôle central.

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